Le sans faute ! J'étais déjà fan du roman, lu et relu en anglais, qui m'avait transportée dès la première scène, magistrale, et auquel j'avais aisément pardonné le petit manque de rythme de la fin, parce qu'il plongeait en même temps dans des profondeurs insondées et inédites. Mais là, j'ose dire que l’œuvre originale s'efface devant son adaptation graphique, totalement portée par un génie narratif hors norme. Et je ne parle même pas de l'adéquation parfaite entre le trait et le propos. C'est la première œuvre de l'auteur que je lis, donc je ne peux pas savoir dans quelle mesure il a adapté sa façon de dessiner au ton du livre, mais cette rencontre est un petit miracle de synchronicité. Tesich est né pour que Bézian l'illustre, ça ne fait aucun doute. Ces cadrages retors, la quasi transparence des personnages dans des décors stylisés mais rigoureux à la fois, les physionomies caricaturales en même temps que si finement observées et rendues... un concentré de bonheur. Ma scène fétiche : le tête à tête entre Karoo et sa future ex-femme dans leur restaurant fétiche... vous verrez pourquoi quand vous lirez ce roman graphique sensationnel ! Chapeau bas, Montjoie, Noël !