Kiki de Montparnasse, née Alice Prin. J'ai pris cette BD en ne connaissant rien d'elle. J'avais bien en tête cette silhouette au dos nu et aux jolies courbes, cette femme coiffée d'un turban qui apparaît sur la mythique photographie de Man Ray, le « Violon d'Ingres ». Un physique connu de tous mais dont on ne sait rien. Grâce à cette mise en image de sa vie, c'était l'opportunité de savoir qui était ce modèle, cette gloire des Années Folles qui a été la muse des plus grands.
Enfant illégitime, elle a été élevée par sa grand-mère au milieu de ses cousins. Petite, elle est déjà dotée d'un caractère libertaire, elle fait ce qu'elle veut. A l'adolescence, elle quitte sa campagne natale pour rejoindre sa mère à Paris, une mère froide et autoritaire. Elle enchaîne des emplois ouvriers. La ville est la promesse de pleins de possibilités et l'occasion pour elle de découvrir un tout autre univers. Elle se découvre aussi. Elle prend conscience de ses charmes, qu'elle exploite lorsqu'elle pose nue pour un sculpteur. C'est le début de sa carrière en tant que modèle. Paris est idéal pour Kiki, propice aux rencontres et à la fête, aux déambulations dans les bars, les cafés et les salles de spectacle, mais aussi aux excès, drogues et alcools. « Jamais Kiki ne fera la même chose trois jours d'affilés, jamais, jamais, jamais ! », par ce postulat , on s'attend à une vie riche et trépidante.
Déçue, déçue, déçue... À la fin de l'ouvrage, je n'ai pas l'impression de la connaître. Je ne me suis pas attachée au personnage dont la personnalité ne se dégage pas, malgré un pavé de presque 400 pages. Le résumé la présente comme une femme émancipée. Il me plaisait de découvrir une femme en marge de la morale et de la société de l'époque. Son histoire se limite alors à une Kiki qui va d'homme en homme, qui boit et passe son temps à chanter des chansons grivoises. Sa relation passionnée et fusionnelle avec Man Ray vient relever le tout, le sel de sa vie. Je ne sais pas si elle était, au final, juste superficielle, qu'il n'y a rien à en dire ou bien les auteurs n'ont pas creusé le sujet ? On aurait aimé connaître ses pensées intimes, ses motivations. Il y a bien quelques passages ici et là qui montrent sa fragilité mais ils sont minimes. Au moment où on commence à la cerner, que déjà on passe à un autre pan de sa vie. En effet, les chapitres se succèdent à une vitesse folle. Chacun traite d'une année et d'un lieu où elle séjourne. On ne peut prendre le temps de ressentir le climat des différentes périodes. Celle qui a rencontré Breton et toutes la clique du dadaïsme, Picasso, Cocteau, Hemingway… ces rencontres sont survolées. On ne connaîtra pas non plus Kiki l'artiste peintre.
Un rendez-vous manqué avec Kiki...