J'ai découvert le travail de Marjane Satrapi grâce à Persepolis, dont j'ai dévoré les quatre tomes et appris avec intérêt sur l'histoire de l'Iran et la vie dans le pays. Avec Poulet aux prunes, c'est un nouveau coup de cœur pour l'auteure.
Lors d'une énième dispute, Nasser Ali Khan voit son tar se faire briser par sa femme. Les tars de substitution qu'il se procure ne valent pas l'excellence de son ancien instrument. Le plaisir de jouer n'est plus. Cela vient-il du tar ou de lui-même ? Quoi qu'il en soit, Nasser Ali déprime. Il va donc attendre la mort… au fond de son lit.
Tout le charme de l'univers de Satrapi est de mêler comme il faut une ambiance légère, drôle, avec un propos sous-jacent profond. Cette décision funeste prise par Nasser Ali prête à sourire. Son abattement exagéré nous amuse. On s'attend à des situations burlesques et c'est le cas, on rit beaucoup durant la lecture (sacré Mozaffar!) mais sans le voir arriver, le pincement au cœur. On est touché par ces moments de pur mélancolie qui nous frappe au bon moment. Car depuis de sous ses couvertures, des instants du passé de Nasser Ali surgissent et tendent à mettre la lumière sur ses actes en tant que père, enfant, mari, jeune homme… C'est le bilan de sa vie qui défile et les vérités inavouées sont révélées au grand jour. Au fil des pages, la signification de son tar prend tout son sens. Je n'en dirai pas plus pour ne pas briser la magie du récit.
Humour et poésie, silhouettes noir d'encre, trait doux et juvénile, volutes ici et là, composent, comme à chaque fois chez Marjane Satrapi, l'histoire de Nasser Ali Khan. Un joli petit conte moderne au parfum d'Orient.
Un Poulet aux prunes à déguster absolument !