Kililana Song, tome 1 par IDDBD
(...)Certains livres se lisent, d’autres se contemplent. La bande dessinée n’a pas choisi entre ces deux voies, elle est une osmose entre écriture et forme. Quand les dessins parlent, quand ils nous font ressentir des émotions, des sensations avec la même intensité qu’un texte finement ciselé, alors la bande dessinée montre toutes ses qualités. Avec Kililana Song, Benjamin Flao réussit ce petit miracle de papier. Pour tout vous dire, j’ai lu cet album il y a maintenant plus de deux mois. Je m’y penche de nouveau pour les besoins de KBD mais je n’ai pas vraiment eu besoin de l’ouvrir de nouveau pour me rappeler certaines de ses planches. Magnifique ce soleil bouillant perçant le toit de la case d’un vieil homme tout en mettant sa vieille carcasse en lumière ! Magnifiques ces pages où un simple trait bleu sépare la mer du ciel, où un bateau vogue sur le blanc du papier et l’azur de l’océan ! Magnifiques également, ces rues de Lamu où grouille une foule bigarrée au relent de post-colonialisme ! Alors forcément, il y a du bien, du mal, les galères de la misère mais peu importe. On y entend le bruit de la vie, les cris, les prières et la course de ce petit garçon s’échappant dans les rues poussiéreuses. Sa prison à lui, c’est l’école coranique. Son grand frère veut l’y emmener de force. Mais Naïm est plus malin, plus rapide, plus habile. Devant lui, la liberté, alors forcément, il court plus vite. Son frère est alourdi par ses certitudes.(...)