Kongoh Bancho
6.3
Kongoh Bancho

Manga de Nakaba Suzuki (2007)

Nakaba Suzuki cartonne en France et au Japon avec Seven Deadly Sins, ce qui me parait d’ailleurs parfaitement mérité. Il ne s’agit pas du premier titre de l’auteur publié chez nous, mais le précédent – à savoir Kongoh Bancho – n’a hélas! connu qu’un succès d’estime, et comme souvent, cela ne s’est pas traduit par de bonnes ventes. Ce qui nous prouve deux choses : qu’un bon plan de communication peut tout changer, et que ce n’est pas parce qu’un auteur ne fonctionne pas en France avec un manga que ses autres titres ne pourront pas trouver leur public.
A la décharge de Kana, il est probablement plus dur de vendre un manga sur un sujet comme les bancho, qui à l’instar des furyo sont sans doute trop profondément ancrés dans la culture japonaise pour attirer les lecteurs de shônen. C’est pour cela que Sakikage! Otokojuku n’a aucune chance de sortir chez nous.

Les bancho sont ici décrits comme des chefs de bande lycéens, qui attirent les autres grâce à leur force et leur charisme, prêts à tout pour combattre l’injustice, mais considérés comme des délinquants par les autorités en place car ils n’hésitent pas à s’en prendre à elles s’ils les jugent corrompues. En d’autres termes, ils incarnent des valeurs positives et viriles ; mais, à l’instar des samouraïs, ils auraient fini par disparaitre car la société serait devenue incapable d’engendrer des individus aussi exceptionnels.
Kongoh Bancho se propose donc de confronter des bancho aux styles variés, réunis par leurs puissances respectives, le projet des « 23 arrondissements », et leur volonté de prendre le pouvoir pour imposer une vision du Japon qu’ils considèrent comme idéale.

Le concept parait simple, mais concrètement, il ne l’est pas tant que ça. Déjà, car le manga ne va pas se contenter d’un schéma « un adversaire après l’autre », mais va développer un scénario beaucoup plus riche en rebondissements, même si la bagarre reste le maître-mot. La bagarre et l’humour. En effet, ce qui pourra surprendre les lecteurs qui s’attendraient à une simple histoire de combats de rue et d’expansion de territoires, c’est que ce titre ne se prend jamais au sérieux, à la différence des personnages eux-mêmes ; non seulement Kongoh Bancho regorge de passages hilarants – entre deux combats épiques – mais il va exploiter les codes du shônen d’action à un point tel qu’il va rapidement dépasser le bon sens le plus élémentaire. Le héros est une force de la nature capable de guérir d’une fracture en quelques minutes – et encore – entre autres aptitudes délirantes, et va affronter des adversaires toujours plus puissants et invraisemblables.

Les protagonistes, voilà bien l’arme ultime de ce manga, des êtres d’exception à la fois irrésistiblement drôles dans leurs excès et leur comportement, mais dotés de techniques de combat impressionnantes, d’une classe prodigieuse, et d’une volonté sans faille. Le mélange prend immédiatement. Et comme l’auteur se fait plaisir, il accumule les antagonistes extravagants, tellement typés qu’ils en deviennent inoubliables. Tels que Nenbutsu Bancho, disciple de Bouddha étrangement cupide qui veut créer un culte à sa gloire, Goriki Bancho, la fillette à la force prodigieuse qui traque l’injustice partout où elle se terre (mais surtout aux mauvais endroits), Bakunetsu Bancho, l’incarnation vivante du Nekketsu, ou encore Unabara Bancho, qui est… euh… un requin géant. Ne cherchez pas.

Les qualités du titre sont les mêmes que Seven Deadly Sins : action, humour, bonne humeur, et personnages délirants à la fois surpuissants et charismatiques. Aucune raison d’aimer l’un mais pas l’autre.
J’ai dévoré ce manga comme rarement – il est entièrement disponible et ne compte que 12 tomes – tant il m’a tenu en haleine de bout-en-bout. C’est passionnant, souvent extrêmement drôle – l’épisode à Akihabara, je ne m’en remettrai jamais – avec en prime une des plus belles brochettes de protagonistes jamais vu dans un manga. Nous sommes bien au-delà du simple divertissement : Kongoh Bancho, c’est du bonheur en barre.

Créée

le 26 juil. 2014

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Ninesisters

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