Ce n'est pas une très bonne bande dessinée. Le découpage est parfois bizarre et peu lisible. La narration n'est pas aussi bien amenée qu'elle le pourrait. Le dessin ne rend pas vraiment grâce à ceux qu'il représente (Badinter jeune façon Tintin, et surtout Philippe Séguin).
Pour le reste, c'est bien pensé, avec cette idée force : même le cas de criminel le plus révoltant ne doit pas aller contre l'évolution naturelle vers une abolition de la peine de mort.
La bande dessinée reprend deux cas pris en charge par Robert Badinter : celui de Roger Bontems, un prisonnier entraîné dans une tentative d'évasion qui tourne mal, et condamné à mort alors qu'il n'a tué personne (échec présenté comme le début du combat de Badinter), et celui de Patrick Henry, véritablement coupable de l'enlèvement et du meurtre d'un enfant, mais dont Badinter, sans aucune sympathie pour celui qu'il défend, obtiendra une peine de réclusion à perpétuité.
Il y a des flashbacks qui arrivent inopinément sur la jeunesse de Badinter, raflé par Barbie et envoyé à Sobibor. Ils sont mal amenés mais trouvent leur justification dans les dernières pages : grâce à l'abolition de la peine de mort, Badinter verra même celui qui a fait tuer son père condamné à la perpétuité plutôt qu'à la peine de mort.
Beau mouvement scénaristique, mais ces flashbacks, mis à part un changement de couleur, s'insèrent mal.
Par ailleurs le récit est assez lisse. Un avocat est un être ambigu. Si je compare cette bande dessinée à celle sortie récemment sur Gisèle Halimi, je ne peux que constater que la seconde avait le mérite d'interroger le rapport aux médias, les réseaux d'influence. Badinter est simplement montré comme un saint se battant seul contre les préjugés de son époque, et c'est un peu court.
Une bande dessinée réfléchie sur la peine de mort, dont l'exécution (pardon !) aurait pu être encore un peu travaillée de mon point de vue.