Avec L’Âge d’or, tome 1, Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa nous transportent dans un monde médiéval où complots, utopies et luttes de pouvoir s’entrelacent pour créer une fresque aussi somptueuse qu’intense. Mais ne vous y trompez pas : derrière l’apparat des châteaux et des batailles se cache une réflexion profonde sur l’injustice sociale et le rêve d’un monde meilleur.
Le récit suit Tilda, une princesse en exil après avoir été trahie par son propre sang. Mais cette quête pour récupérer son trône se transforme rapidement en voyage initiatique, où se dessine un idéal révolutionnaire à la fois fascinant et périlleux. Les thématiques, riches et complexes, mêlent habilement la dureté du réel et la flamboyance de l’utopie. On sent une ambition narrative qui transpire à chaque page, et le résultat est à la hauteur, même si certains passages s’égarent dans des dialogues un brin trop philosophiques.
Visuellement, Cyril Pedrosa livre une véritable symphonie graphique. Les couleurs éclatantes, les jeux de lumière et les compositions audacieuses créent une expérience visuelle unique. Chaque page est une œuvre d’art, oscillant entre le conte de fées et l’épopée historique, où les décors vibrent d’émotion et d’énergie. Pourtant, cette richesse visuelle peut parfois détourner l’attention du récit, comme si on se perdait dans la contemplation des tableaux au détriment de l’action.
Le duo Moreil-Pedrosa excelle dans la construction d’un univers où les enjeux personnels de Tilda se mêlent à des aspirations collectives. Les personnages secondaires, bien que parfois en retrait, apportent des nuances et des perspectives qui enrichissent l’histoire. Cependant, certains lecteurs pourraient trouver que le rythme, volontairement contemplatif, ralentit un peu trop l’élan épique du récit.
Malgré ces quelques lenteurs, L’Âge d’or, tome 1 est une œuvre ambitieuse et envoûtante, où chaque case respire l’amour du détail et la passion pour le récit. C’est une ode à la résilience, à la lutte contre l’injustice, et à la beauté de l’idéal, même s’il reste fragile.
Un bijou médiéval où l’art et l’histoire s’entrelacent, brillant d’une lumière éblouissante… parfois trop forte pour les âmes pressées.