L'aigle humilié
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BD franco-belge de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud (Moebius) (1967)
Ce troisième volet file sur les rails d'une perfection rare dans l'écriture, la densité de l'action, le suspense, la richesse des personnages et même du dessin que Gir parvient de plus en plus à maîtriser même s'il y a encore trop d'approximations dans les visages. Commencée avec plein de maladresses graphiques, Blueberry devient en peu de temps (et certainement avec cet album) une excellente série, elle s'affine rapidement. En effet, Charlier aime les intrigues compliquées aux multiples personnages, il maîtrise tout mais n'évite pas les erreurs dans les noms, les dates ou les lieux, c'est un de ses défauts récurrents, on le constatera dans les autres séries qu'il scénarise car il ne notait rien. De son côté, Gir n'évite pas les difficultés (goût des grands espaces, recherche des cadrages dynamiques, agrandissement des cases, rigueur du dessin) ; son graphisme ici se cherche et commence peu à peu à se personnaliser. Les scènes de canyon sont très réussies et très évocatrices..
Le récit commence d'abord par un rappel des faits et une carte permettant de situer tous ces forts et toutes ces tribus indiennes. Puis, c'est la découverte d'un officier partagé entre les ordres à suivre de façon stricte, et la liberté d'agir pour le bien de tous : le général Crook rappelle lui aussi des archétypes de soldats vus chez John Ford, il est humain et se rallie parfois à contrecoeur certes, aux suggestions de Blueberry. Autre archétype : le personnage du sergent O'Reilly, qui fait référence au pittoresque saoulin joué par Victor Mclaglen dans les films de John Ford.
Cet opus 3 prend une ampleur par le convoi de munition qui reste un des clichés des westerns hollywoodiens ; c'est toujours captivant d'attendre le danger potentiel qui peut surgir à tout moment lors d'un long périple plein de périls. Blueberry continue d'asseoir son statut de héros tête brûlée, mais malin et ingénieux en commandant ce détachement. Mais autre atout de taille, c'est l'apparition d'un vrai méchant qu'on aime haïr : Blueberry n'est pas confronté cette fois à un officier raciste, mais à un Indien au coeur rempli de haine et ivre de vengeance ; en révélant rapidement sa fourberie, Quanah représente le mauvais Indien dans toute sa splendeur, c'est un méchant de grande valeur qui symbolise les conflits indiens où il y avait dans les deux camps (Blancs et Indiens) des mauvais à qui la guerre rapportait beaucoup, et n'avaient donc pas intérêt à ce que la paix soit signée.
Les auteurs nous offrent donc ici un épisode d'une indéniable qualité, très intense, dont la fin encore une fois ne peut que rendre le lecteur impatient de lire la suite, car depuis le début de la série, tous les albums s'enchainent ; ce cycle des guerres indiennes n'a pas fini de nous réserver son lot de rebondissements et de surprises.
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Créée
le 5 sept. 2020
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