Critique de L'album de l'année par languedepute
Fabcaro excelle davantage dans le développement d'une histoire sur la longueur que dans les mini-sketchs sympathiques mais finalement assez répétitifs.
Par
le 12 nov. 2020
Paru six ans après « Le Steak haché de Damoclès », « L’Album de l’année », titre faussement prétentieux et surtout autodérisoire, part sur une idée simple mais astucieuse : réaliser une case par jour pendant un an, à la façon d’un journal de bord. Les cases se suivent sans ligne narrative particulière, décrivant juste la vie ordinaire d’un auteur de BD au succès (encore) confidentiel, avec ses tracas du quotidien et ses états d’âme un rien autocentrés, façon Caliméro. Et ça fonctionne extrêmement bien, parce que Fabcaro possède un vrai talent : recourir à un sens de l’humour très décalé qui lui permet de faire rire le lecteur et l’empêche de s’appesantir sur son sort.
En 2009, Fabcaro est un jeune papa de 36 ans avec une dégaine d’étudiant attardé manquant un peu d’assurance, un rien désabusé. Il nous parle en vrac de ses petites galères en tant que père ou auteur de BD, de son hypocondrie, de ses gaffes, de ses rêves bizarres, de son incompétence en matière de bricolage ou encore des sempiternels repas chez ses parents, toujours un brin inquiets pour l’avenir de leur fils. Et on aime ça parce qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre d’un jour à l’autre. L’auteur utilise avec brio le procédé du « running gag ». Les conversations sans intérêt qui se prolongent ont tôt fait de l’ennuyer et très souvent, il décroche. Comme dans « Le Steak haché de Damoclès », les paroles interminables de l’interlocuteur se transforment en onomatopées vaporeuses, (wouwouw…) et c’est bidonnant à souhait ! On apprécie également les petits proverbes nonsensiques inaugurant chacune des 52 pages du journal. Jugez plutôt : « On a souvent besoin d’un plus petit que soi pour le rouer de coup » (c’est de l’humour, hein !) ou « Un homme averti parce que je le vaux bien ». Un livre susceptible de provoquer des décrochages de mâchoires intempestifs. Le trait à la puissance comique incontestable reste très proche de celui du « Steak haché », pour notre plus grand bonheur.
Un très bon Fabcaro assurément, un véritable antidépresseur ! Tout achat de ce livre devrait être remboursé par la Sécurité sociale !
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Créée
le 24 juin 2022
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