Critique de Shaynning
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le 22 mai 2022
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Ce deuxième tome approfondie la relation entre Nomoko et Kasuga, ouvrant sur les questionnements de Nomoko sur son orientation sexuelle. Il semble que ce questionnement existe depuis un moment déjà. D'autre part, Kasuga s'ouvre sur son passé également, dépeignant une enfance et une adolescence passée à être sous-nourrie sous prétexte que "ce n'est qu'une fille". Son frère a donc jouit d'une alimentation meilleure, raflant les beaux morceaux, alors que Kasuga mangeait ce qu'on daignait bien lui donner.
Il existe au Japon une différenciation de genre qui me semble encore très persistante mais cette idée de différencier l'assiette est choquante. En même temps, je lis souvent des fictions de la France où les filles sont encouragées à se sous-alimentée pour rester minces, le thème n'a rien de nouveau. Cependant, ici, il prend un axe culturel en ce sens où c'est le "mâle" qui doit être traité aux petits oignons. Ça me fait quand même rire cette idée, parce que c'est contradictoire de prétendre que les hommes sont plus forts que les femmes alors qu'ils ont justement besoins d'être bichonnés pour être heureux. À croire que certains hommes ont besoin d'être maternés tout leur vie, ce n,est pas un grand signe de maturité ni d'autonomie. Mais je m'égare.
L'enthousiasme de Kasuga est donc mieux expliqué dans ce tome-ci, alors qu'elle assume désormais manger autant qu'elle veut et ce qu'elle veut et avec un entrain assumé.
On prend également note des enjeux familiaux. Si Kasuga est en froid avec sa famille qui la traite en "femme" ( ce qui dans leur mentalité ne vient qu'avec des désagréments), Nomoto subit la pression de la sienne pour se trouver "un homme".
Il a donc une dimension de sexisme dénoncé dans ce manga, où on voit que certaines mentalités persistent. Nous avons bien sur l'exemple que la femme "doit se marier" comme si aucune autre façon de vivre n'était possible ou encore que les fils sont plus importants pour la famille que les filles. Tout cela me rappelle le drame qui s'est joué en Chine, quand elle a appliqué sa politique de l'enfant unique et que conséquemment aux croyances sociales, les filles ont été largement avortées, abandonnée ou fait adoptés à l'étranger. Ou encore les familles afghanes qui vendaient leur fille pour faire avoir de quoi payer pour faire manger leurs fils.
J'ai également remarqué que ce manga est le premier que je croise à mettre des avertissements clairs et précis à chaque chapitre.
Autant le premier tome était léger, ce second opus prend une intéressante dimension sociale, plus approfondie, mais toujours sur cette trame de la nourriture et du quotidien partagé.
C'est tout-à-fait le genre de manga que j'aime suivre.
Créée
le 1 mars 2025
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