Critique de Shaynning

Ce troisième tome est vraiment le plus intéressant jusqu'ici.

Dans ce tome, deux personnages entrent dans le cercle, l'amie virtuelle de Nomoko, un personnage qui se connait bien elle-même et se montre attentive aux interrogations de cette dernière. Ensuite, il y a la voisine commune de Nomoko et Katsuga, qui présente en quelque sorte l'état contraire à Katsuga, soit une aversion pour la nourriture. En raison de leur présence, je sens que le thème de la sororité embarque plus franchement, en complémentarité de la romance.

J'ai l'impression qu'avec nos deux protagonistes qui s'éloignent de leur famille respectives, c'est à travers leur groupe de filles naissant que leur cercle social va se renforcer. Une "famille choisie", en somme, sur laquelle pourra se bâtir des estimes de soi plus solides, une solidarité sociale indéniable et bien sur, pleins de choses plaisantes comme une Saint-Valentin collective entre filles!

D'ailleurs, dans un Japon qui pose toujours autant de pression sur les épaules des femmes, je trouve agréablement moderne et sain de voir ces femmes se rassembler, se comprendre et s'épauler. La sororité, dont même le mot a longtemps été méconnu, est une dimension sociale à ne pas négliger. D'ailleurs, je souhaite autant aux hommes de pouvoir s'épauler dans une fraternité saine et attentive aux besoins de ses membres. Cela dit, ultimement, ce serait bien que les genres n'ait pas autant à se diviser.

D'autre part, je retrouve mon orientation dans ce tome, la moins représentée à ce jour, l'asexualité. L'amie virtuelle ( dont je ne me rappelle plus le nom parce que J'ai une mémoire affreuse pour les noms) se présente comme un asexuelle homoromantique, soit une femme qui aime les femmes, mais qui n'a pas besoin d'avoir des relations sexuelles ou qui n'éprouve pas d'attirance sexuelle. On oublie trop facilement qu'être amoureux n'est pas systématiquement avoir besoin de sexe. Le sexe et le sentiment amoureux, s'ils peuvent aller ensemble, ne sont pas indissociables. Dans la fiction, malheureusement, c'est même fréquent que le sexe ( et donc l'apparence) soit le seul motif à la relation ( comme dans les séries de Twilight, Palais de rose et d'épine ou encore les Dark romances, par exemple). Je trouve la façon de percevoir les choses de ce personnage intéressant, car son point de vue contraste avec les commentions sociales. Il faut dire qu'elle a mit le doigt sur un élément problématique: Le manque de représentations et de visibilité des orientations sexuelles et identités de genre autant dans la vie de tout les jours que dans la fiction.

Bref, un 3e tome qui concentre pleins de thèmes sociaux intriguant, où transpire le désir de s'émanciper et d'affirmation, entre de bons petits plats et une joyeuse soirée de fille. Sur la trame de la romance, on sent que la relation entre nos deux héroïnes se solidifie et commence à se projeter dans le temps. En effet, les deux femmes commencent à envisager la possibilité de vivre former ensemble famille qu'elle aimerait pouvoir avoir. Une famille dans laquelle elle sont biens, dans laquelle elle sont elle-même.

Un manga josei pour lectorat adulte, mais qui peut convenir aux ados et aux jeunes adultes.