La fin du monde n’est pas pour demain mais pour dans un an. Une nouvelle confirmée par tous les experts de la planète et qui met à mal le quotidien de l’ensemble de la population. A son niveau, Magda a d’abord un peu de mal à prendre conscience de la situation. Quand son père abandonne la maison pour partir avec sa maîtresse, le coup est rude. Quand le jour de ses 13 ans personne ne lui offre de cadeau, elle comprend que l’heure est grave. Autour d’elle, tout le monde commence à perdre les pédales. Les élèves ne vont plus en cours, les coupures d’électricité se multiplient, les magasins ferment les uns après les autres. Les semaines, les mois passent, l’heure fatidique approche et Magda se lâche, enchaînant les excès en tout genre, cherchant à connaître un maximum d’expériences avant de mourir, quitte à se mettre à dos sa famille et ses amis.
L’intérêt de l’album ne réside pas dans la description du délitement d’une société se sachant condamnée mais plutôt dans la façon dont les événements sont vécus à une échelle individuelle. Derrière l’émancipation sans borne de Magda, motivée par l’urgence, se cache une réflexion profonde sur la puberté. Le bouleversement de la jeune fille est avant tout intérieur. Sa crise d’ado va prendre des allures XXL du fait de la situation extrême mais ses réactions, certes amplifiées, n’ont rien de délirantes.
Ce récit d’une « apocalypse intime » prise dans le tourbillon d’un désastre planétaire annoncé est aussi audacieux que surprenant et ne laisse aucune place à une quelconque mièvrerie. D’ailleurs, malgré des dessins typiques d’une BD jeunesse, cet album n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Au fil des pages la tension monte et la violence s’amplifie à mesure que Magda veut grandir trop vite dans un monde ayant perdu tous ses repères. Et si la fin n’est pas celle que l’on croit, la surprise est d’autant plus grande et la dernière planche laisse en bouche une amertume teintée de vide et de tristesse. Typiquement le genre de claque que j’aime recevoir au moment où je m’y attends le moins !