Marrant de passer de Les Mohamed à ce petit recueil qui explore fiévreusement les contrées du trait... un grand écart qui résume assez bien les possibilités modernes du dessin, sur lesquelles je ne veux pas m'étendre grassement pour ne pas me faire répondre, comme ça m'est déjà arrivé, que je n'y connais rien. C'est vrai et faux à la fois, mais ça sera l'objet d'un prochain billet, ou d'un mot de ma maman, ou d'un bulletin de notes de mon prof d'arts plastiques... ^^ Pour le cas qui nous occupe, voilà les élucubrations d'un artiste dépressif au trait expressif qui se lamente sombrement du manque d'expressivité de sa déprime graphique. "De la branlette", je le cite. Certes, mais qui montre infiniment plus d'intérêt que les cavalcades du chien de ma mère en train de faire sa fête au coussin du canapé, quand même. Paix à son âme (au chien, pas au coussin, encore que le pauvre...). Enfin bref, difficile de savoir quoi penser et dire de cette suite de dessins qui ont l'air nés des errements d'un stylo sur un bloc pendant une conversation téléphonique soporifique avec une copine insomniaque fraîchement larguée par son mec. L'écorché vif qui les a commis a l'air bien sonné, inapte à la sauvagerie du monde, et sérieusement nombriliste (encore que le sort des plus malheureux que lui continue malgré tout à l'émouvoir), mais il sait dessiner, le gars. Respect. Certaines pages m'ont rappelé cette merveille intitulée Racket (le conseil du jour, pour ceux à qui la pépite aurait échappé...), c'est dire. Donc, voilà, ayé, je sais : ça ressemble aux gribouillages téléphoniques de l'auteur de Racket ! Une curiosité qui vaut le détour, donc.