La critique présentée couvre l’intégralité des tomes sortis à ce jour (11 tomes). Cependant il n’y a pas de spoiler, tout au plus des mentions superficielles. Il s’agit d’un avis sur la série globale.


Qui n’a jamais rêvé de devenir un sorcier ? De maitriser la magie, de plier le monde à ses désirs ? Comme nombre d’entre nous, c’est le souhait le plus cher de Coco. Mais bien qu’une partie de la population ai ces capacités, ce n’est pas son cas. Du moins jusqu’au jour où elle rencontre un sorcier du nom de Kieffrey et qu’en l’espionnant elle découvre que la magie n’est pas un don inné, mais une capacité qui s’apprend. Une capacité à double tranchant, qui se retourna malgré elle contre sa mère. Pour la délivrer, Coco devra désormais apprendre la magie dans un monde beaucoup moins idyllique qu’elle ne le pense. Et si sa découverte de la magie n’était que le fruit de puissance obscure ?


Une trame assez classique, mais qui permet à l’auteur de déployer tout son talent. D’abord en termes d’intrigue, qui se suit fluidement, les évènements s’enchainent en nous emportant toujours plus loin dans un univers complexe, régit par des luttes de pouvoir autour de la maitrise magique. Les uns veulent la conserver sans partage, les autres souhaitent s’en emparer et d’autre encore souhaitent l’ouvrir à tous. Chacun a ses propres raisons et n’a pas forcément tort. Car la magie est une force puissante et destructrice. Faut-il la donner à tous et risquer la paix ?


Au milieu de tout ça, les personnages essaient de naviguer comme ils le peuvent. A commencer par Coco, d’abord des étoiles pleins les yeux, qui se retrouve face à de sombre dilemme. Comment sauver sa mère, victime de magie interdite, sans utiliser cette dernière ? Comment aider son ami Kustas, victime d’un destin qui s’acharne un peu trop sur lui ? Comment faire pour rester émerveillé face à ce monde chaque jour plus cruel ?

Coco est aussi accompagnée de divers sorciers, notamment ses camarades d’atelier, celle avec qui elle étudie la magie. Agathe, une élève ambitieuse et appliquée, issue d’une puissante famille de sorcier qui l’a rejetée. Douée, elle doit lutter avec sa jalousie envers Coco, la nouvelle élève aux progrès fulgurant. Tris est quant à elle, renfermée sur elle-même, refusant d’apprendre d’autre. Pourtant, malgré son talent évidant, elle se retrouve vite limitée. Enfin, Tetia est une élève ouverte et joyeuse, prête à tout pour aider les autres, mais qui pourrait se retrouver face à la dureté de ce monde.


Toutes ces petites sorcières étudient grâce à l’enseignement du sorcier Kieffrey. S’il ne souhaite que leur apporter les connaissances dont elles ont besoin pour devenir des sorcières épanouies, il doit aussi lutter avec ses propres démons. Son intérêt pour les forces obscures pourrait lui apporter du tort, ainsi qu’à ses élèves. A-t-il pris Coco sous son aille car touché par son histoire ou bien car elle semble intéresser des êtres peu recommandables ? Son ami Olugio est prêt à tout pour l’aider, mais arrivera-t-il à lui faire confiance ?


L’atelier des sorciers propose une galerie de personnage tous plus touchant les uns que les autres, essayant de s’en sortir dans un monde régit par des règles strictes. S’il semble s’assombrir au fil de l’histoire, cela reste un récit qui n’oublie pas de donner des moments de légèreté et qui montre aussi la magie dans ce qu’elle a de plus beau. Et c’est probablement un des aspects qui me parle le plus. Dans l’Atelier des sorciers on ne lance pas de sort, mais on le dessine. Exit les baguettes, ici on sort les plumes ! Avec des symboles et des flèches inscrit dans un cercle, les sorciers peuvent produire des merveilles. S’envoler, faire jaillir des dragons d’eau, lancer des boules de feu ou bien simplement conserver indéfiniment un bon ragout, la magie ensorcelle, que se soit les personnages mais aussi les lecteurs. Car il est autant question de capacité hors du commun que de dessin. La magie, dans l’Atelier des Sorciers, c’est le dessin. On pourrait d’ailleurs l’étendre à l’art en générale. En effet, les héroïnes passent leur temps à améliorer leur technique de dessin, à apprendre à faire de beau cercle ou des traits bien droit. Elles ont des considérations sur ce qu’est le dessin ou sur l’aspect esthétique d’un sort. Cet aspect pourrait sembler superflu, mais au fil de l’histoire on apprend qu’il n’en est rien. C’est ce qui rend la magie merveilleuse, c’est ce qui fait rêver. Car même si l’histoire prend au fil des tomes une tournure plus sombre, même s’il devint le théâtre de lutte de pouvoir, même si les personnages se retrouvent face à des dilemmes impossibles, il reste toujours une lumière qui illumine le chemin des personnages. La magie n’est jamais décrite comme une malédiction.


Cet aspect ne serait cependant pas réussi si l’autrice, Kamome Shirahama, n’avait pas une maitrise totale de son dessin. Celui-ci est un plaisir pour les yeux, regorgeant de détail tout en gardant une parfaite lisibilité. Cette dernière est aussi le fruit de son découpage, parfaitement effectué. Dans l’atelier des sorciers, chaque page a une composition travaillée, avec des cases en obliques ou bien en cercle, avec des cases décorées de frise et avec des personnages qui sortent du cadre ou qui jouent avec lui. Chaque page devient une illustration, que l’on prend plaisir à lire et relire. En ce qui me concerne, c’est le vrai tour de magie de cette histoire. A chaque relecture j’ai l’impression de redécouvrir l’intrigue, les personnages et les dessins, et je trouve des détails que je n’avais pas encore remarqué.


Moutton
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le 24 sept. 2023

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