Je suis très content d'avoir essayé cette réédition de l'Ecole Emportée, parce que je me suis pris une sacrée claque. C'est la première œuvre de de Kazuo Umezz que je lis et c'était totalement fou, ça m'a vraiment accroché. Je ne sais pas ce que donnera la série sur la durée (elle fait quand même 6 tomes doubles, donc il faudra que l'auteur arrive à se renouveler), mais ce début est vraiment excellent.
L'Ecole Emportée est donc un manga des années 70 de Kazuo Umezz, qui est je crois considéré comme un pionnier du manga d'horreur. Je ne saurais pas dire si l'Ecole Emportée est vraiment un récit horrifique, mais en tout cas c'est clairement un thriller assez palpitant et pour l'instant très bien mené.
En fait la narration d'Umezz est hyper intense. Quasiment dès le début, les personnages ne communiquent quasiment qu'en hurlant, avec leurs bouches grandes ouvertes (qui leur donne des allures effrayantes quand ils sont de profil ou de 3/4 dos), et ils courent beaucoup (d'une manière assez peu naturelle là aussi, ce qui participe à l'ambiance bizarre du manga), ce qui donne tout de suite une espèce de tension permanente qui ne fait que s'accentuer, notamment dans la première moitié du tome. C'est une vraie fuite en avant, avec un sentiment d'urgence palpable, avec des enfants qui luttent pour leur survie dans un endroit où tout le monde semble à deux doigts de sombrer dans le désespoir et la folie, où les réactions assez extrêmes sont fréquentes.
Je crois que le manga était à la base publié dans une revue shonen, mais Umezz ne ménage pas du tout ses personnages. Ils font souvent face à des visions/réalisations particulièrement choquante pour eux, que le mangaka représente dans des double splash pages particulièrement réussies. Globalement, la narration est vraiment hyper maîtrisée, Umezz sachant quand rester dans une mise en page assez sage et quand faire un changement de rythme, soit avec ses splash/double splash (voire même plusieurs double splash d'affilées), ou quand au début il se met soudainement à faire déborder les cases jusqu'à la tranche des pages. Et il y a bien entendu aussi les grosses cases placées au bon moment. Il sait donner de l'impact à ses séquences, leur donner toute la brutalité nécessaire.
Et bien entendu, le dessin de l'auteur, qui est plein d'aplats noirs, de persos un peu trop rigides et de décors angoissant super texturés, ajoute à l'ensemble un sentiment d'inconfort qui colle parfaitement au récit.
Bref, cette lecture a été une vraie claque, j'ai absolument adoré. On a quasiment le niveau de tension d'un thriller coréen de Na Hong-Jin (the Chaser, the Strangers). J'ai rarement lu quelque chose d'aussi furieux et intense en BD, surtout en BD des années 70.