Deuxième opus des aventures de l'infatigable Madeleine Riffaud, transformée par son expérience de résistance. Il ne s'agit plus de la petite jeune fille romantique et exaltée du tome 1, mais bien d'une guerrière farouche déguisée en minette inoffensive. Les Allemands ne s'y trompaient pas et savaient bien que n'importe quelle apparence anodine pouvait leur sauter à la figure comme de la dynamite. Notre héroïne maîtrise désormais les codes de la Résistance et a gravi les échelons étanchement compartimentés de la hiérarchie parisienne. De ce fait, elle ne connaît que quelques résistants actifs, des jeunes gens attachants, parfois désinvoltes, souvent inspirés, avec lesquels elle défie l'autorité teutonne. L'un de ses supérieurs l'a prévenue : une fois engagé, on n'a quelques mois de vie devant soi, mais ça ne fait que décupler son appétit d'action. Avec elle, on entre dans les réseaux souterrains et on tremble de se faire prendre, parce que la botte allemande est partout, implacablement organisée, et ne recule devant rien pour briser les élans de liberté des Français. Une drôle d'époque, difficile à saisir vraiment, mais dont cette saga exaltante et sinistre à la fois donne une assez bonne idée. Le dessin est magistral, d'une limpidité qui donne une fausse impression de simplicité mais qui n'égare jamais l’œil, hiérarchise les plans à la perfection et choisit toujours la bonne échelle, donc la bonne distance par rapport à son sujet. On se laisse facilement gagner par ces bleus délicats et précis à la fois, comme des photos d'époque, et le scénario ne laisse aucune trêve, adaptant admirablement les entretiens que l'auteur a eus avec l'intéressée, au verbe haut et à la mémoire précise. Bref, vivement le tome 3 !