Voilà une série de BD qui peut donner autant de joie que de désespoir.
Du désespoir car après deux premiers tomes parfaits, se dresse une sorte de triangle (carré) amoureux qui tourne en rond et qui agace franchement. La série présente aussi le héros le plus antipathique possible. Sa mentalité et sa façon d'agir, ainsi que ses pseudo "grands discours" m'ont franchement agacé... La série a d'ailleurs tendance à mettre toujours ce personnage en avant. C'est dommage, surtout lorsqu'on l’exècre comme j'ai pu le faire et alors que les autres personnages (Mara, Quinine, Linsdal...) pourraient être très intéressant si davantage développés. A ce titre on pourrait dire que la série est plombée par des choses qui m'agaçait par exemple dans Lost (triangle amoureux, le perso de Jack-Superman agaçant) mais qui prennent ici un impact encore plus marqué.
Pour autant, si on est près à faire des impasses sur ses mauvais points la série n'est pas dénuée d’intérêt. Elle est même plutôt bonne, une des plus grande raison en étant les dessins de Paul Gillon qui sont tout à la fois réaliste et majestueux. Le dessinateur nous invente quelques mondes et endroits reculés de la galaxie, improbables et fort en couleurs. Les dessins de Gillon vous explose encore plus à la figure lorsqu'on les admire comme à l'origine, en noir et blanc. Pour les endroits fort on notera
un vers géant se déplaçant dans l'espace avec une civilisation vivant à l’intérieur de ce dernier, une planète changeante, un système solaire particulier avec trois soleil et des mondes rapprochés permettant de voyager de l'un à l'autre par gravitation selon les cycles.
A la lecture des préfaces de la réédition, on se rend compte que Gillon est un père fondateur de toute une génération de dessinateurs de science-fiction : Enki Bilal, Moebius, François Schuiten, Jean-Pierre Dionnet, tous clame haut et fort leur respect (et leur amour) pour le maître. Il en est de même pour Wolinski, Frank Giroud, Fred...
Certains concepts sont aussi intéressants. Les ennemis que les protagonistes affrontent au début compte parmi les plus originaux que j'ai vu, et qui aurait sa place dans Doctor Who,
il s'agit d'une espèce extraterrestre voisine des rats...
Dommage, là encore, qu'ils ne soient pas plus approfondis.
En bref, Les naufragés du temps est un grand space opéra qui mérite largement d’être découvert mais un peu frustrant pour les amoureux de SF car on a la désagréable impression que les auteurs ne pointent pas le doigt dans la direction la plus intéressante. Ce qui est d'autant plus dommage que le niveau créatif est ahurissant notamment sur le plan graphique. En ce qui concerne la fin elle est plutôt abrupte mais je crois que c'est mieux ainsi.