Quelle tristesse en refermant cet album dont les seules étoiles que j'accorde aujourd'hui rendent hommage au travail de Cauvin et Lambil, au plaisir que m'a apporté cette série et à la nostalgie de retrouver nos braves caporal Blutch et sergent Chesterfield pour cette nouvelle aventure.
Que dire de ce 61ème tome si ce n'est qu'on est loin, TRÈS loin des épisodes emblématiques des Tuniques Bleues, ceux que j'ai découvert enfant, et que je relis avec autant de plaisir encore aujourd'hui. Des albums remplis de détails, d'engueulades mythiques entre les deux protagonistes, de personnages hauts-en couleurs, de planches superbes, où l'humour cohabitait avec des histoires parfois très sombres : je pourrai en citer des dizaines ! Mais force est de constater qu'aucun de ces éléments ne subsistent dans ce que je viens de lire. L'humour est totalement absent (les quelques répliques piquantes entre les deux soldats ont déjà été lues dans d'autres albums) l'histoire-bateau du personnage qui vient troubler le camp, est sans le moindre intérêt et le rebondissement pas palpitant traité comme il l'est.
Quand au dessin... ce n'est même plus le minimum syndical. C'est ... moche. Il n'y a pas d'autre mot, les visages semblent désincarné,dessinés à la va-vite, certaines postures sont maladroites, et les détails ont disparus. A part les animaux, on dirait que le dessinateur est fatigué de poursuivre cette série (vu son âge je le comprends parfaitement) Relisez "El Padre" par exemple, s'il faut vous démontrer que "Les Tuniques" peut produire des planches magnifiques, avec des effets de couleurs, et des paysages sublimes.
Une fois l'album refermé, on le range avec un pincement au cœur dans sa collection, en se disant que ça fait bien une dizaine d'années qu'on a pas lu un bon "Tuniques Bleues"... qu'il serait peut-être temps que les deux papas des deux soldats les plus sympathiques de la BD belge tirent leur révérence ou passent la main... Ou de nous faire un dernier VRAI bon album car, lecteur, je me sens un peu comme le Capitaine Stark, hagard sur son cheval, qui attend le regard vide la prochaine charge qui lui redonnera le frisson.