Bonne nuit, Animal Man

Malgré les excellentes critiques reçues, DC a décidé d'arrêter Animal Man, sans doute la meilleure série régulière de son relaunch. On pourrait être déçu, mais peut-être pas, finalement. Jeff Lemire est arrivé au bout de son run et déclare avoir dit tout ce qu'il avait à dire sur l'ami Buddy. On sent d'ailleurs un léger essoufflement de la part de l'auteur canadien qui décide donc d'interrompre au bon moment son histoire. Une histoire si personnelle que je voyais assez mal, entre nous, d'autres scénaristes la poursuivre ad vitam...

On s'éloigne donc un peu de la subtile étrangeté des premiers numéros et de l'horreur intimiste qui la caractérisait pour quelque chose de plus épique mais aussi un poil plus "banal". En clair, on se concentre cette fois sur les combats. Mais on reste à des lieues de la plupart des comics mainstream, Lemire oblige.

Cette courte carrière d'Animal Man a aussi ceci de positif que, à l'inverse des super-héros plus commerciaux, ici, la mort a un poids véritable. Le destin du fils de Buddy est en ce sens assez surprenant et le final, exposé sous forme d'un conte de fées résumant la saga est réellement émouvant. Ce chapitre final souligne son étrangeté par son dessin aussi: Lemire himself et Travel Foreman ( qui avait abandonné la série en cours de route à cause d'un deuil, justement) proposent leurs traits respectivement naïf et "cassé" pour boucler la boucle de la saga. Albuquerque (American Vampire) assure quant à lui le taf sur la grande partie de l'album, aussi à l'aise dans cet univers que dans un vieux pantalon.

Une saga complète en quelques tomes, souvent subtile, dans laquelle se côtoient l'horreur, le drame et l'humour, un univers original et des dialogues matures... J'ignore ce qu'il vous faut de plus pour vous convaincre de l'urgence qu'il y a à découvrir l'une des plus belle créations de ce relaunch qui fut, pour d'autres héros plus connus, un véritable échec.