Pierre Gabus (Scénario) et Romuald Reutiman
(Dessin) sont d’immenses artistes et il est grand temps
de les découvrir !
Tout d’abord petite séance de rattrapage pour celles
et ceux qui aurait laissé passer « Cité 14 », grand
prix de la série au festival de BD d’Angoulême en
2012. On y suivait les aventure de personnages
tous plus incroyables les uns que les autres dans
une ville s’apparentant à New-York dans les années
30. La galerie de personnages comprenait ainsi
des animaux humanoïdes, des humains et même
quelques extraterrestres aux pouvoirs psychiques
démesurés. Tout ce joli petit monde se croisant au
cours d’histoires parfois drôles, tragiques par instant
et toujours touchantes. Les ambiances visuelles et
narratives convoquaient le meilleur du roman policier,
de la science-fiction ou du roman d’aventure. Le tout
étant saupoudré d’une conscience sociale et engagée
du meilleur effet. La série arrêtée après deux saisons et
sans espoir de suite, c’est avec les yeux ronds que l’on
accueille cet album au titre génial : « L’extravagante
croisière de Lady Rozenbilt ».
Gabus et Reutiman poursuivent l’exploration de
l’univers dépeint dans Cité 14. On y suit donc un bout
de la jeunesse du « commandant Bigoodee », l’un
des personnages centraux de la série d’origine. Pour
résumer, Alfred, simple mécanicien sur l’hydravion
de Miss Rozenbilt rencontre la sublime Martha pour
quelques instants, avant que celle-ci ne disparaisse
dans des circonstances abracadabrantesques.
On est captivé d’entrée par un scénario malin s’étalant
sur plusieurs époques. Passé et présent s’entremêlant
avec une grande dextérité on sent que les auteurs se
sont faits plaisir. Pour cela, le titre est approprié, on
a vraiment affaire à une extravagante succession de
situations où les personnages (tous plus attachants
les uns que les autres) nous emmènent dans des
histoires rocambolesques. Pour preuve, on croise un
monstre sous-marin, des combats dans la boue, une
milliardaire fantasque, un tueur psychopathe, des
extraterrestres amoureux, une enquête policière et
même un faux prêtre. Et tout cela dans une cohérence
propre, une fluidité absolue et délectable. On comprend
les motivations de chacun, on sait ce qui les pousse,
on rit avec eux, on pleure avec eux, on tombe même
amoureux avec eux.
Les dessins sont beaux, les couleurs adaptées, le
découpage est précis, l’univers carrément original
et les protagonistes géniaux. Alors si vous avez envie
d’une belle découverte, partez en croisière avec Lady
Rozenbilt et accrochez vous au port de Cité 14 !