⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

L'habitant de l'infini est un manga qui ne cesse de naviguer entre deux extrémités du début à la fin. L'auteur est capable de faire preuve d'un très grand raffinement, d'un trait à l'érotisme soft, d'une légèreté et d'une subtilité qui n'ont d'égales que la beauté de ses planches, pour sombrer dans la brutalité et la bestialité la plus totale, bestialité qui te retourne littéralement l'estomac par des scènes que je n'ai jamais vu jusqu'alors, et qui ne peuvent sortir que de la tête d'un malade.
Je sais pas si c'est si surprenant venant de la part d'un mec qui te pond un artbook avec des illustrations SM de femmes qui se font torturer et humilier de façon inhumaine et de manière complètement WTF, le tout avec un trait qui force le respect tant on reste bouche bée devant tant de beauté qui exacerbe l'horreur des scènes.
http://www.lamhirh.com/wp-content/images/love-of-the-brute-par-samura-hiroaki/samura-hitodenashi-scan6.jpg
http://2.bp.blogspot.com/-LY73dYrQGCA/TgY4XZT0WJI/AAAAAAAAAXY/dTnBoIlwBos/s1600/62.jpg
http://40.media.tumblr.com/tumblr_lmk3aqivpt1qakya1o1_r1_1280.jpg
Bon suffit de taper Hiroaki Samura dans google image pour tomber sur son travail.

J'ai envie de dire que L'Habitant de l'infini est au manga de sabre ce que La Horde sauvage est au Western, une vision réaliste, primaire, sauvage et nihiliste d'un genre exploité maintes et maintes fois.

Et ma foi, Samura a l'air de s'être vachement documenté parce que son japon d'époque est très réussi et explore à merveille toutes les mœurs et une facette moins glorieuse de La voie du sabre.
Je vais pas me lancer dans une analyse de la série, je suis pas doué pour ça et d'autres le font très bien, juste pour dire que le type aborde des thèmes comme la condition de la femme, la prostitution, le statut d'épouse, les filiations entres générations, la confrontation entre passé et modernité jusque dans la médecine, le déshonneur, la vengeance, la rédemption, la police et ses condamnations et d'autres thèmes pour un total de 30 tomes et une pléiade de personnages aussi charismatique les uns et que les autres et au Background qui ne cesse de s'enrichir.
Le tout avec un traitement très réaliste, où tous les personnages ont ce besoin de survivre coûte que coûte au point de faire subir les pires atrocités à leur propres corps.

Parce que L'auteur à une fascination très particulière pour le corps humain et ses organes, il l'explore dans toutes ses facettes, de la plus délicate (comme ses plans nombreux et pleins de sensualités sur les pieds (bah ouais c'est un gros fétichiste des pieds!) que les jambes, le coup, les épaules, les doigts) à la plus extrême, avec des personnages qui sont capables de se casser les doigts ou les amputés pour se libérer, d'autres qui ne font qu'un avec le métal, les personnages se mutilent, les plus timbrés sur taillent les os, les corps sont désassemblés, remodelés selon les délires égoïstes de l'homme (passage très très long sur la médecine), la torture, la soumission, l'humiliation y sont légions.

Et cette schizophrénie ambiante se retrouve dans cette description qu'il fait de la femme, non le type n'est pas misogyne, je pense qu'il dépeint juste une période ultra machiste où la femme n'est que source de descendance ou de fantasme pour l'homme.
Heureusement il met en scène des femmes fortes, des femmes guerrières qui ont eu le courage de s’émanciper du système et disposant d'un caractère assez fort pour pouvoir survivre.
Les Lin et Hyakurin ont un background qui ne cesse de s'enrichir au fil de l'aventure mais si il y a bien un personnage à retenir c'est Makie, aussi intrigante que fascinante, elle ne cessera de nous laisser sur le cul à chacune de ses apparitions.
Ces femmes sont belles, fortes, attirantes, sans ne jamais être vulgaire, la force de Samura est de les dessiner naturellement sans trop en faire, et d'utiliser sa mise en scène pour faire le reste.
Ce qui fait que les combats de Makie ne m'ont jamais paru aussi érotique, il s'amuse à modifier les angles, les points de vues, elle tourne dans le ciel, manie son arme comme personne, ses vêtements épousent ses mouvements, la mettent en valeur, pas besoin de faire des nichons ou des culs disproportionnés pour attirer le regard. C'est pour ça que c'est une combattante qui penche plus du côté du film de sabre chinois, pour cette faculté à se mouvoir, à nous donner cette impressionner de danser, d'effectuer un ballet pour terrasser ses adversaires (Ai nu esclave de l'amour si vous voulez avoir un aperçu).

Le tout avec un style très particulier (dont tout le monde à parler, mais je rajoute encore une couche), dessins uniquement à l'encre de chine ou au crayon, pris sur le vif, sans retouche, comme si il venait à peine de le faire avec des "Finish him" dans les premiers tomes qui sont représentés sous formes s'estampes
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/09/1424865376-blade-of-the-immortal-1953495.jpg pour s'orienter vers un style plus cinématographie dans les suivants et atteignant une maîtrise virtuose dès le 21ème tome.
Les combats font preuves d'une virtuosité et d'une diversité exemplaire, le type explore à merveille toutes les possibilités offertes par le crayon et l'encre, et nous fournis des planches sans cesses nouvelles pour nos petits yeux d'occidentaux. Je pense notamment à ce découpage coup par coup qui rappel le genre de croquis que l'on peut trouver dans un manuel d'art martiaux http://www.noelshack.com/2015-09-1424865324-blade-of-the-immortal-1954687.jpg , des combats à la première personne où à chaque plan tu vois les ennemis se rapprocher et se faire trancher au fur et à mesure avec le sang qui gicle sur la page, comme sur les yeux du personnages ou un écran de télévision (Baro powaaa) , des affrontements entièrement crayonnés (tome 9) ou ultra surchargés à l'encre de chine, à tel point qu'une marée de sang, exacerbée par le noir de l'encre t'englouti littéralement sous son abomination (cf quand Hyaku se fait mordre au tome 10), et pleins d'autres trucs. Bref le titre est d'une richesse visuelle certaine où chaque tome te présente quelque chose de totalement nouveaux.
De toute façon pour se faire une idée générale du talent de l'auteur, faut vraiment se pencher sur les doubles pages ou les pages chapitres crayonnées avec des illustrations à l'érotisme soft.

Manga très particulier donc, que j'ai adoré, mais dont une seconde lecture s'impose obligatoirement.
Et puis il y a quand même le personnage le plus timbré et le plus barbare que j'ai jamais vu dans mes lectures précédentes, je vous laisse deviner lequel, il est absolument dingue...

http://image.noelshack.com/fichiers/2015/09/1424883976-blade-of-the-immortal-600140.jpg Spoil tome 20, oh putain!
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/09/1424884053-blade-of-the-immortal-full-1278406.jpg
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/09/1424884126-blade-of-the-immortal-598544.jpg
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/09/1424884246-076-0772.png
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/09/1424884385-blade-of-the-immortal-full-1278452.jpg
http://hdwallpapersfactory.com/wallpaper/sketches_blade_of_the_immortal_manga_hiroaki_samura_desktop_2560x1600_hd-wallpaper-947080.jpg
HuangFeihong
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs mangas Seinen

Créée

le 28 févr. 2015

Critique lue 4.2K fois

10 j'aime

HuangFeihong

Écrit par

Critique lue 4.2K fois

10

D'autres avis sur L'Habitant de l'infini

L'Habitant de l'infini
raisin_ver
8

Critique de L'Habitant de l'infini par raisin_ver

Pour combler un vague sentiment de remord, un samurai immortel aide une jeune fille à venger la mort de ses parents. Au gré de leurs rencontres, les alliances avec différents groupes aux motivations...

le 30 déc. 2010

13 j'aime

10

L'Habitant de l'infini
Josselin-B
5

Pas de chocolat pour Shira

Tour à tour, pareil à une jeune fille en proie à ses caprices amoureux, j'aurais été boudeur, intrigué, émoustillé puis dévasté par les charmantes intentions d'un bellâtre éditorial nommé Hiroaki...

le 27 juin 2020

12 j'aime

9

L'Habitant de l'infini
HuangFeihong
10

Il a pas toute sa tête le Samura

L'habitant de l'infini est un manga qui ne cesse de naviguer entre deux extrémités du début à la fin. L'auteur est capable de faire preuve d'un très grand raffinement, d'un trait à l'érotisme soft,...

le 28 févr. 2015

10 j'aime

Du même critique

Historie
HuangFeihong
9

L'aboutissement d'un style

La note est accessoire, seuls les deux premiers tomes ont pu être traduit en français en version numérique (toujours pas licenciée en France...), donc je note essentiellement le premier Arc qui se...

le 5 oct. 2014

12 j'aime

L'Auberge du Dragon
HuangFeihong
9

Critique de L'Auberge du Dragon par HuangFeihong

Le film est vraiment une petite pépite du genre Wu Xia, il annonce, tout comme Green Snake un an plus tard, les deux chef d'oeuvre de Tsui Hark à venir, ici on est clairement dans les prémices de ce...

le 9 août 2013

12 j'aime

Iphigénie
HuangFeihong
10

Ma révélation cinéphilique.

Je me demande vraiment si ce n'est pas le film que j'attends depuis le début de ma cinéphilie. Je veux dire là j'ai quand même eu un vrai déclic en le voyant, ça me fait tout drôle, mais je pense...

le 26 avr. 2016

11 j'aime

2