Un vilain charismatique badass, porté par un scénario bourrin qui ne prend de l'ampleur qu'à la fin

L'héritage de Deathstroke est publié dans la collection DC Nemesis dont j'apprécie beaucoup les quelques ouvrages que j'ai lus. (La splendeur du Pingouin et Les tourments de double face).
Comme le nom de la collection l'indique, nous voilà donc face à des œuvres centrées sur les récits marquants des vilains d'Anthologie. Plusieurs tomes me faisaient de l’œil, La saga de Ras'al Gul, la cible de DeadShot, et enfin, sorti hier, L'héritage de Deathstroke ; j'ai finalement opté pour ce dernier.

Pourquoi ce choix, plusieurs raisons. Une proprement personnelle, je connaissais assez mal ce personnage qui est vraiment à découvrir ! Mais aussi pour une raison éditoriale qui va faire jaser dans les chaumières ! En effet Urban Comics opte pour une édition recouverte d'une patine brillante, rappelant les premières éditions. Beaucoup seront réticents face à ce choix car l'ouvrage se distingue donc malheureusement des autres éditions à l'aspect mat et jurera ainsi légèrement dans une bibliothèque. De plus, le coloris est plus saturé et certains verront dans cette couverture une patte "kitsch". Je sais aussi que certains regretteront cette patine, où s'impriment les empreintes digitales. Personnellement, ayant toujours beaucoup apprécié les couleurs saturées, cela ne m' a au contraire pas gêné di tpit ! Mais surtout je trouve que le livre devient bien plus agréable au toucher. Une qualité qui s'est révélée ici décisive, une raison bête et méchante a priori mais lorsque plusieurs ouvrages semblent tout aussi tentants les uns que les autres et, que le porte-monnaie nous dicte de faire des choix, le plaisir de la prise en main est un argument qui peut se révéler très persuasif !.

Mais arrêtons un peu de discuter de l'objet, pour nous pencher sur le récit lui-même. Est-il cohérent avec l'objectif de la collection ? Et bien, je dis clairement oui. Accessible à un novice, on ne nous présente ici pas les origines du personnage, pourtant sa personnalité est clairement établie et cela très rapidement dans le récit.
Et n'y allons pas par quatre chemins, que ce soit par son apparence, très bien dessinée, ou son attitude, Deathstroke est véritablement l'un des personnages les plus badass que j'ai jamais rencontrés chez DC ! Bourrin, impitoyable, il n'est pas guidé par une folie ou un sadisme pathologique, c'est un mercenaire amoral qui tue pour l'argent. Je dois avouer être très amateur de ce genre de méchant qui change des nombreux psychotiques de l'univers DC. Le charisme de ce vilain est d'autant plus important, qu'il est véritablement dangereux ! Qui a lu le cross-over "Crise d'identité" se souvient de lui maîtrisant seul toute une équipe de la Ligue des Justiciers. Aussi fort qu'intelligent, cet opus nous montre aussi qu'il est porté par une véritable "philosophie" (le mot est probablement un peu fort) et n'est donc pas un mercenaire cupide. Tout le récit le présente en effet préoccupé par une volonté d'être respecté et considéré comme le meilleur dans son domaine.
Cet aspect suffit à imprégner le personnage d'un trait psychologique, qui se révèle vraiment nécessaire pendant une bonne partie du récit. Puisque, soyons honnête, nous avons ici affaire à un récit très rythmé, efficace et premier degré. Deathstroke ne fait pas dans la dentelle, il décapite à tour de bras et choisit toujours la confrontation la plus directe possible. Les décapitations et mutilations en tout genre s'accumulent donc très rapidement. Peut-être un peu trop pour se révéler vraiment marquantes, mais nous avons en tout cas affaire à du sanglant ! Si la fin du récit apporte clairement une profondeur et nous révèle au moins une part des origines des personnages, on pourra regretter l'absence de profondeur et de finesse du scénario pendant une bonne partie de l'oeuvre. Malgré tout, cet aspect étant justifié, le récit reste solide, bien qu'il eût pu être plus riche. La fin reste en tout cas très intéressante et enrichissante pour le personnage !
En-dehors de toute perspective, j'aurais probablement mis 7 à cet arc narratif. Mais, ici intégré à la collection Némésis, il accomplit en réalité pleinement sa mission, nous faisant découvrir d'une manière claire un vilain d'anthologie, charismatique, tant scénaristiquement que graphiquement, et lui intégrant aussi une intéressante problématique qui lui est propre.

Il est aussi important de mentionner que cet ouvrage aborde aussi la problématique des liens familiaux. Très important, je n'en ai pas grand chose à dire pour autant, puisque je trouve qu'on nous présente ici finalement un rapport père-fils très classique dans l'univers des comics.

La conclusion à tirer de cette lecture me semble assez simple, Deathstroke est clairement un anti-héros marquant qu'il faut découvrir. L'efficacité scénaristique et graphique (j'en parle souvent trop peu, mais j'ai vraiment apprécié ici les dessins qui sont en parfaite cohérence avec le scénario) permettent de découvrir de manière agréable et prenante l'univers du personnage. Et pour ceux qui connaîtraient déjà Deathstroke (et l'apprécieraient donc probablement), cet arc n'est clairement pas anodin dans en ce qui concerne la construction du personnage !
Celui-ci n'atteint donc pas le statut de chefs d'oeuvre, par ses ambitions restreintes, mais reste un incontournable pour les amateurs de l'univers DC.
Et Deathstroke n'est-il pas le plus badass des Vilains de l'univers DC ? Moi, j'avoue que je suis tenté de la placer vraiment au-dessus des autres sur ce point, il me plait bien plus qu'un lobo !