Rêve en bord de mer, sale, nu.
Perdu ma femme et mon gosse, probablement mon job, plus rien que ma crasse, ma tente et mon zob.
Sur la plage les dunes font des rochers américains, des tétons cruciformes de trois mètres de haut entre lesquelles il faut passer pour atteindre le rivage. Je vois ça de ma coline irradiée, ambiance de Vieilles Charrues (côté camping), et je décide que ça peut plus durer. Que je vis dans cet état de festivalier allumé depuis quoi, 1 mois, 2 mois ? J'erre autour du périmètre que délimitent mes sardines, et j'ai bien écrit sous l'effet des substances qu'on me donne, mais tout ça me paraît soudain bien secondaire. Voir mirobolant... Je m'en roule une bien tassée.. Perdu-égaré, écrit Moebius... La sensation d'avoir mis de côté le monde entier, de l'avoir négligé, au profit d'un autre plus petit entre l'enfer et le paradis. De m'être oublié autour, autour de mon piquet, comme l'éléphant qui aurait construit son propre cirque.
Dans la tente, l'épais carnet griffonné veut me faire croire que plus rien ne sera jamais grave. Mais la tente s'enroule sur moi et la sortie se colle à mon dos comme une ventouse. C'est la peur panique qui me réveille.