L’album est un peu plus bavard que la Magicienne trahie, dont il constitue la suite – et la fin. Certes, le fonctionnement social de l’île qui lui donne son titre nécessite quelques explications, mais peut-être pas aussi détaillées, et rien qui justifiât certains passages en voix off qui ne font que redoubler l’image. Peut-être aussi qu’avec le temps, les lecteurs de bande dessinée n’ont plus besoin – ou goûtent moins ? – de ces répliques qui ne s’adressent finalement qu’à eux : « Slive ! C’était donc bien elle ! Cette fois il est temps d’en finir avec cette maudite magicienne ! », dit Thorgal (p. 44, dans ce qui n’est pas la meilleure case de l’album), alors que son attitude suffit à montrer ses intentions, et que sa réplique suivante, cette fois adressée à la rousse fatale, ne redira pas autre chose.
Pour le reste, c’est du bon travail, un peu plus fin que dans le premier album. On trouve déjà ce goût pour les cycles – ici d’un album et demi – dans une histoire qui peut tout aussi bien se lire indépendamment. Et on trouve aussi cette soigneuse pesée entre les éléments – épique, merveilleux, science-fiction… – et entre les procédés – variété dans les teintes, les plans, la composition des cases et des planches… – qui, à défaut de faire de Thorgal une bande dessinée d’aventures remarquablement originale, assurera une partie de son succès.