Même les plus fermés à la littérature japonaise auront - tout du moins j'espère - entendu parlé de Edogawa Rampo (eh oui, il s'agit bien de la prononciation nippone de Edgar Allan Poe), mais on ne lit plus guère de nos jour cet auteur de romans policiers des années 30. Le travail graphique magistral fait par Maruo - mangaka expert en érotisme grotesque, semble-t-il - permettra donc à tous de redécouvrir Ranpo : la première partie du livre, policière donc, est absolument passionnante, à la fois subtile et stressante, mais c'est dans la seconde, qui se "limite" à une description de cette fameuse "Île Panorama" ultra kitsch et pourtant hallucinante, que le génie du dessinateur explose. Chaque page est une expérience fascinante, combinant la culture japonaise avec une esthétique "Art Nouveau" bien venue. On déplorera seulement la conclusion, certes pertinente, mais bien brutale, alors qu'on aurait aimé un véritable paroxysme narratif pour conclure cette œuvre hors du commun.