Si les personnages de « L’inversion de la courbe des sentiments » devaient décrire leur situation amoureuse sur Facebook, ils indiqueraient certainement « c’est compliqué ». Car tous se trouvent à un tournant de leur vie sentimentale. En gros, ils ne savent plus trop où ils en sont. Prenez Robinson, par exemple. Il vient d’être largué par sa femme après des années de vie commune et dans le même temps, son vidéoclub est au bord du dépôt de bilan. Du coup, il passe pas mal de temps à chercher des coups d’un soir sur un site de rencontres, plus pour tromper l’ennui que pour retrouver l’amour. C’est comme ça qu’il a fait la connaissance d’Amandine, avec qui il vient de passer la nuit. De retour dans sa boutique, Robinson tombe sur son père, qui vient une nouvelle fois de se faire mettre à la porte par sa femme. Quant à Mano, qui est à la fois le salarié et le plus vieux pote de Robinson, il n’arrive pas à dire à son ami qu’il s’apprête à laisser tomber le vidéoclub pour lancer son magasin de cigarettes électroniques avec sa copine Samia. Et du coup, celle-ci lui reproche son manque de courage. Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour les proches de Robinson. Sa sœur Marion l’appelle pour lui dire que son fils Gaspard a fugué. Elle soupçonne l’adolescent d’entretenir une liaison avec sa voisine, qui est beaucoup plus âgée que lui… Et ce n’est pas tout: Alice, qui tient le café en face du vidéoclub de Robinson, est persuadée que ce même Gaspard est mêlé au braquage récent d’un fast-food. Pendant ce temps-là, Amandine est terrorisée car elle va devoir subir une ablation des seins, ce qui explique en partie pourquoi elle surfe sur des sites de rencontres, tandis que son amie Charlène revient du Pérou pour tenter de retrouver son père biologique. Tout ce qu’elle sait, c’est que c’est un patron de vidéoclub…


Avec « L’inversion de la courbe des sentiments », Jean-Philippe Peyraud capte l’air du temps. L’auteur français a manifestement passé beaucoup de temps à observer la vie sentimentale compliquée de ses voisins parisiens. Il se sert de cette matière brute pour signer une chronique douce-amère sur la difficulté de trouver l’amour au XXIème siècle. « L’inversion de la courbe des sentiments » n’est ni un chef d’oeuvre ni même une BD inoubliable, mais c’est malgré tout une jolie réussite, car on passe vraiment un bon moment en compagnie de Robinson, Amandine, Gaspard et les autres. Alternant humour et émotion, le style de Peyraud fait penser à certaines séries américaines produites par Netflix, telles que « Love » ou « Master of none » par exemple. Une comparaison qui s’explique certainement par l’univers très urbain de Peyraud, mais qui tient aussi et avant tout aux personnages drôles et un peu barges imaginés par l’auteur français. Du gentil braqueur sado-maso à la globe-trotter un peu trop émotive en passant par le vieil homme atteint d’Alzheimer qui prend son fils pour son père, « L’inversion de la courbe des sentiments » rassemble une belle brochette de personnages divers et variés, auxquels on s’attache facilement. A noter que Peyraud lui-même définit son roman graphique comme une « bédénovela », en référence aux feuilletons télévisés pleins de rebondissements dont raffolent les sud-Américains. Des récits vaudevilles qui sont eux aussi remplis de confusions et d’envies amoureuses. C’est cet effet que recherche l’auteur français avec son nouveau roman graphique. « C’est le grand manège, le tourbillon de la vie », souligne-t-on du côté de Futuropolis. Une belle petite friandise à déguster cet été.


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matvano
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le 29 juin 2016

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matvano

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