Ça part d'une blague idiote, un peu comme le Prénom, et ça finit comme une sorte de méditation sur l'amitié. Enfin, une certaine sorte d'amitié, plutôt virile, à en jugé par l'inconsistance des rôles féminins, réduits quasiment à de la figuration. Mais je ne voudrais pas être injuste envers les hommes, parce que, somme toute, il s'agit plus vraisemblablement d'une fable sur l'immaturité. Donc le propos est peut-être davantage générationnel que sexiste. Mais je n'en sais rien, je ne connais pas le scénariste, il faudrait qu'on en parle. En attendant, il me semble que cette petite chronique des soubresauts de la vie des trentenaires de notre époque, plutôt intimiste et vaguement initiatique, est un peu l'héritière de Portugal mâtiné de Vieux Fourneaux : le premier pour le portrait de mœurs d'un jeune type et de sa bande d'"amis" (lisez la BD pour comprendre les guillemets) et le 2nd pour un petit humour décalé du meilleur aloi. Une sorte d'instantané un peu désabusé mais pas encore rance d'un parfait produit de notre époque et de notre culture, qui pourrait rappeler Quatre mariages et un enterrement par certains côtés, bien que ça ne soit pas british du tout. Enfin bref, on se dit des tas de choses pendant la lecture, c'est toujours un bon point, le dessin est tout à fait à la hauteur de la situation, même quand il ne se passe strictement rien sur deux pages et que ça devient chaud de varier plans et cadrages, et les couleurs bien rompues laissent une petite musique mélancolique en tête après la lecture. J'aurais malgré tout aimé une conclusion plus ambitieuse, mais bon, les demi-teintes, c'est bien aussi.