J’avais très envie de commencer une nouvelle BD de science-fiction, si possible une série. Mais laquelle ? Je suis alors tombé sur le premier album d’Aâma, sa couverture chatoyante et son autocollant « prix de la série Angoulême 2013 ». Du coup, pas d’hésitation : je suis rentré chez moi tout content avec L’odeur de la poussière chaude et une nouvelle série à découvrir, petit bonheur irremplaçable s’il en est.
L’album commence par une perte de mémoire : celle de Verloc, qui se réveille allongé au milieu d’un cratère. Débarque alors une sorte de gorille-robot nommé Churchill qui ne tarde pas à l’informer de la situation : ils sont sur la planète Ona(ji), tout a disparu, il faut rentrer à la colonie, et voici le carnet dans lequel tu as relaté les sept derniers jours de ta vie. Flashback. Quelques jours plus tôt, Verloc n’allait pas bien : ruiné, seul, privé du droit de voir sa fille, relégué dans les bas-fonds de la planète Radiant peuplés de pauvres hères difformes. Au fond du trou, au sens strict et imagé du terme. Une rencontre fortuite avec son frère, sur le point de partir en mission, lui donne alors l’occasion de changer d’air. L’objet de cette mission : renouer contact avec des colons partis sur Ona(ji) il y a des années pour y tester une technologie au potentiel révolutionnaire. Que s’est-il passé entre le début du carnet et le réveil de Verloc dans ce cratère ? C’est ce que nous découvrons avec lui.
Ce premier album ne donne qu’un aperçu de l’univers d’Aâma mais tout cela s’annonce déjà très prometteur. Il s’agit-là de science-fiction pure et dure. L’histoire prend place dans un lointain avenir où la colonisation de la galaxie bat son plein, avec l’avancée technologique que cela suppose et des enjeux, notamment le transhumanisme, qui reflètent les questionnements de notre époque. Le dessin, lui, est franchement réjouissant. Frederik Peeters (que je découvre avec cet album) réussit par exemple à donner une réelle humanité aux visages de ses personnages, de sorte que Verloc en devient vraiment émouvant. Quant aux paysages, généralement colorés, ils sont superbes et l’étrangeté d’Ona(ji) donne sacrément envie d’en pousser plus loin l’exploration.
L’odeur de la poussière chaude est donc un album très réussi. Il esquisse un univers riche, au background solide, et une histoire potentiellement très intéressante. Quant au souci du détail porté aux personnages et à leurs relations, il annonce également le meilleur pour la suite. Et puis un robot-gorille qui fume le cigare, c’est quand même la grande classe.
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