Sur un autre site, en commentaire d'une review de cette BD, j'ai lu un internaute énoncer que de Lobo n'était pas "avisable" tant son appréciation relève d'énormément de facteurs subjectifs.
Cette personne a entièrement raison. Lobo c'est tellement du "n'importe nawak" qu'à moins d'avoir à faire à quelqu'un qui vous connais bien, c'est très difficile de se le faire recommander (ou déconseiller).
Tâchons malgré tout de présenter la bête. La Balade de Lobo c'est une compilation de deux mini-séries datant des années 90 : The Last Czarnian et Lobo's Back.
The Last Czarnian constitue la première publication entièrement consacrée au personnage (qui, pour la petite histoire, était apparue quelques années auparavant dans la série Omega Men). C'est donc le titre idéal pour qui souhaite découvrir le chasseur de prime intersidéral le plus "badass" de l'univers DC.
Via une mise en abyme, l'auteur vous invite à découvrir le dernier Czarnien au travers d'une mission et de sa biographie pour le moins ... originale !
Lobo's Back est une aventure plus classique (même si ce terme n'est pas du tout approprié au personnage). Au cours d'une mission Lobo meurt et doit ensuite faire face à toute l'administration de l'après vie.
Voilà pour les grandes lignes.
Maintenant, comme vous aurez pu vous en douter l'essentiel de l'intérêt ne se trouve pas là. Lobo est avant tout un titre satyrique, parodique et complètement déjanté qui repose sur attitude iconoclaste absolue.
C'est tout à fait le genre "d'humour" qui pourrait avoir du mal à percer aujourd'hui, à l'heure où tout ce qui choque a vite fait de se retrouver proscrit.
A ce titre la démesure est LE facteur qui fait qu'une évaluation ne peut être (à mon sens) que subjective.
Car d'un côté, il y aura ceux qui salueront le fait que le comics n'épargne rien et va jusqu'au bout de son délire. Et de l'autre, ceux qui, bien qu'appréciant l'idée, risquent de faire une overdose avant la fin. Ainsi, même si chaque aventure a son intrigue, un comics de Lobo pourrait se résumer en une suite de strips humoristiques d'une page ou deux.
En ce qui me concerne j'aime bien les œuvres choquantes (au sens premier du terme) et provocantes. En BD vous avez la série Requiem, Chevalier Vampire ; en film je pense immédiatement au duo Grindhouse et aux films qui en sont issus (Machette). Les qualités de chacune sont discutables, mais sur le plan de l'approfondissement du facteur provocant, je crois bien qu'aucune ne va aussi loin que Lobo.
Dans le titre qui nous intéresse, ce facteur est poussé jusqu'aux dessins volontairement moches. (Où, tout du moins, c'est ainsi que je les ais interprétés.) J'ai lu des BD dont les graphismes ne m'attiraient pas du tout au premier regard ; dernier exemple en date : Animal Man (DC Renaissance). Mais pourtant, au cours de ma lecture, j'ai souvent finit par trouver le trait adapté à la plume. Pour Lobo, je pense que même plusieurs lectures n'y changeront rien ; c'est vraiment pas beau. Malgré tout, ce comics aurait il été tout aussi extrême avec des dessins agréables à l’œil ?
A cet égard je pense que les auteurs ont été jusqu'au bout dans leur provocation. Il ne s'agit pas seulement de faire rire au dépend d'une communauté ou d'une personnalité. Lobo va plus moins et s'en prend également au lecteur.
C'est unique et à ce titre, je pense qu'il convient de saluer la prise de risque d'Urban Comics pour l'édition d'une œuvre qui n'est pas destinée au grand public (même si d'autres éditeurs l'ont fait avant eux).
En conclusion je dirai que La Balade de Lobo est une BD originale qui mérite que l'on s'y intéresse plus par curiosité et par culture générale qu'en fonction des différentes analyses que vous aurez pu lire.
D'un point de vue consumériste et bien qu'ayant apprécié ma lecture, je n'irai pas en recommander l'achat. Après tout, Lobo, même si on aime le fréquenter, on irait pas jusqu'à le ramener chez soi.