Après l'orge et le vin, voici les maîtres du chocolat

Bruxelles est l’une des capitales mondiales du chocolat. Logiquement, c’est donc dans la magnifique Galerie de la Reine, à deux pas de la Grand-Place, que le jeune maître-chocolatier Alexis Carret a choisi d’exercer son talent. Pas à son propre compte, mais pour la chocolaterie d’un certain Gérard Perdreaux. Résultat des courses: c’est ce dernier qui recueille tous les lauriers et les éloges, alors qu’en coulisses, c’est bel et bien le talentueux Alexis qui est à la base du succès grandissant de la maison Perdreaux. Véritable passionné de chocolat, le jeune artisan ne compte pas ses heures pour réaliser les créations les plus audacieuses, notamment un masque africain ou une sculpture inuit. Du coup, la boutique Perdreaux ne désemplit pas grâce à Alexis, même si son patron ne lui manifeste que très peu de reconnaissance. Au contraire, il trouve que son maître-chocolatier consacre trop de temps et d’énergie à ses innovations. Pour lui, il ferait mieux de simplement continuer à exploiter les recettes qui ont fait leurs preuves auprès des clients… et qui rapportent gros. Dans un premier temps, l’attitude de Perdreaux ne gêne pas trop Alexis, qui est du genre modeste et discret. Mais lorsque son patron décide de renvoyer Manon, une jeune stagiaire sourde, la coupe est pleine pour le jeune chocolatier. Il décide alors d’accepter la main tendue par Benjamin Crespin, un entrepreneur aux dents longues. Celui-ci lui propose de s’associer pour créer une nouvelle boutique à son nom. L’occasion est belle pour Alexis d’impressionner son père et son frère, qui ne cessent de lui reprocher son manque d’ambition, mais aussi de se rapprocher de son amie d’enfance Clémentine. Depuis toujours, Alexis est amoureux d’elle, même s’il n’a jamais osé lui déclarer ses sentiments. Hélas pour lui, la belle Clémentine semble très proche de Benjamin, son nouvel associé aux fréquentations plutôt douteuses…


On connaissait déjà les BD sur les brasseurs et sur les vignerons, voici que débarque une saga culinaire sur les chocolatiers. Forcément, en découvrant ce premier tome d’une trilogie, on a l’impression de goûter à une recette déjà testée et retestée, mais malgré tout, le résultat est efficace à souhait. Il faut dire que le vieux routier Eric Corbeyran, qui signe le scénario du "Maître chocolatier" en tandem avec Bénédicte Gourdon, s’y connaît en matière d’intrigues alimentaires puisque c’est déjà lui qui avait signé la saga "Château Bordeaux", un best-seller qui se déroule dans le milieu du vin. Au-delà de l’histoire, qui n’a rien de révolutionnaire même si elle ne manque pas de rythme et de lisibilité, c’est surtout le cadre de cette nouvelle série qui se révèle séduisant. D’un côté, il y a le monde du chocolat, dont on découvre avec beaucoup d’intérêt les coulisses et les secrets de fabrication. Les deux scénaristes ont en effet réalisé une véritable enquête sur le terrain, comme le révèlent les pages documentaires à la fin de l’album. D’autre part, il y a le décor de Bruxelles, qui se prête à merveille à cette intrigue économico-amoureuse dans le monde des pralines et des oeufs en chocolat. Le dessinateur Denis Chetville s’applique avec la passion d’un artisan chocolatier à mettre en scène les coins connus et moins connus de la capitale belge. En parcourant les 64 pages de "La boutique", on se rend compte que Bruxelles a rarement été aussi bien représentée en bande dessinée, même si la ville est pourtant l’un des berceaux du neuvième art. La suite nous révèlera si "Le maître chocolatier" est une création aussi réussie que les chocolats d’Alexis Carret, mais en attendant, ce premier tome laisse d’ores et déjà un goût plutôt plaisant en bouche.


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matvano
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le 14 mars 2019

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