Le meilleur des trois tomes, selon moi, car on revient au sujet de départ, qui est quand même la Cagoule. On voit qu’il s’agissait là d’un vrai complot visant à renverser la République. L’album est intéressant, varié, bien mené, et l’on voit les divergences entre Deloncle et le réseau Corvignolles, qui cherchent à lutter contre les communistes, mais sans pour autant vouloir renverser le régime.
C’est le tome qui est le moins éloigné du cahier des charges, car la série s’inscrit surtout dans le cadre d’un polar, il y a une enquête, des assassinats, des manipulations et la construction d'un complot, mais on apprend au final peu de chose sur l'idéologie de ces hommes de la Cagoule. Les auteurs ont privilégié l'action, on est dans une impérative logique commerciale : on ne peut leur donner entièrement tort mais je suis au final déçu par la série car je préfère nettement le polar en roman et parce qu'ils auraient pu limiter un peu la longue série d'action et de confrontations entre Mondanel et différents interlocuteurs.
Pour moi, c'était une bonne idée de s'intéresser à la Cagoule, mais le résultat est un peu léger, les enjeux de l'époque centrés sur la défense de la République et les tensions entre "rouges" et fascistes (pour simplifier le trait) ne sont pour moi que trop ponctuellement mis en avant. Enfin, s'il y a de très belles planches par moments, et si l'atmosphère des années 30 me semble très bien restituée par Damour, j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver entre plusieurs personnages qui se ressemblent un peu trop pour qu'on les différencie bien : les décors sont très bien campés mais le travail du dessin sur les personnages me semble moins réussi.
Dans l'entretien avec les auteurs présent à la fin du tome 1, Vincent Brugeas explique leurs choix : "je mettais en scène, je suggérais de la dramaturgie, et ça nous a permis de construire une bonne série et pas un simple récit historique plan-plan". Je ne suis pas certain que ce soit une bonne série, mais en effet, le récit historique, pour moi, est beaucoup trop ténu, la dimension historique est pour moi bien trop absente… Dans le même entretien,les auteurs reconnaissent avoir injecté beaucoup de fiction et avoir forcé le trait pour avoir un récit dynamique ("on est là pour raconter une bonne histoire, pas pour faire un cours d'histoire"), choix compréhensible mais que je regrette quand même et qui fait que la série m'a laissé sur ma faim.