Tout d'abord, cette BD présente un personnage que je ne connaissais pas. Jan Stage a pourtant côtoyé bien des figures emblématiques des révolutions sud américaines (Ernesto "Che" Guevara, Régis Debray...). Déçu par la tiédeur des révolutionnaires de son pays, passant leur temps à "se défoncer et se monter dessus dans des partouzes", il décide de s'engager sur le terrain, là où la révolution vient d'avoir lieu: à Cuba. L'histoire est fort intéressante et donne envie dans savoir plus sur ce personnage, mais c'est justement là qu'il y a selon moi un bémol. L'ouvrage se compose comme une série de souvenirs de Stage, entre des flash-back sur sa jeunesse et des événements concernant son engagement politique. Ce découpage expose des événements marquants de la vie du sujet, mais j'ai un peu l'impression de voir une liste partielle, tronquée, mettant l'accent sur quelques moments somme toute éphémères, entrecoupés par des pauses de plusieurs années, donnant à l'ensemble un sentiment d'inachevé qui me fait rester sur ma faim. Malgré le dessin plutôt agréable à l’œil de Henrik Rehr, il est difficile de se plonger complètement aux côtés des personnages. Reconnaissons toutefois que l'auteur n'a pas été complaisant à l'extrême pour dresser le portrait d'un de ses anciens amis, et la face sombre du personnage est aussi présentée (ce qui limite l'empathie à son égard). De plus, il est probable que les auteurs n'aient pas cherché à produire un monumental roman graphique introspectif, mais bel et bien à faire simplement connaître les grandes lignes de la vie d'un homme. A ce titre, l'ouvrage est réussi, mais il ne restera pas pour moi un monument de la BD.