A la mort de son oncle, Manu hérite du stock de cierges de sa société La cire moderne. « Un très beau patrimoine » selon le notaire qui n’inspire pourtant pas grand-chose au jeune homme, plus habitué à fumer des pétards qu’à fréquenter les églises. Accompagné de sa petite amie Sam et de Jordan, le frère lourdingue de cette dernière, Manu charge les cartons de cierges dans un combi Volkswagen et part faire le tour des paroisses pour écouler le stock, avec l’idée de s’offrir une fois sa tournée achevée des vacances au Maroc. Mais en chemin « l’héritier » est frappé par la foi. Il n’a rien vu venir et cette hôte inattendue va bouleverser ses projets et ses certitudes.
Un road trip atypique, d’abord léger, qui vire au cheminement spirituel avec un naturel désarmant. Manu, Sam et Jordan sont de touchants jeunes d’aujourd’hui. Nonchalants, je-men-foutistes, fêtards et prenant la vie comme elle vient sans se poser de questions. Leur trio fonctionne à merveille, c’est dynamique, drôle et surtout très réaliste. Les dialogues sonnent juste, la narration est fluide, portée par un dessin en noir et blanc et un découpage d’une parfaite lisibilité.
Vincent Cuvellier aborde le sujet de la conversion loin de tout prosélytisme. Il parle de sexualité et de religion sans sombrer dans la caricature et épargne au lecteur des bondieuseries qui n’auraient pu qu’alourdir son propos. Sous le vernis de la légèreté apparaît au final une vraie profondeur de réflexion, c’est incontestablement la plus grande réussite de cet album inclassable.