La Cité Saturne
7.2
La Cité Saturne

Manga de Hisae Iwaoka (2006)

Je pourrais ne pas l’évoquer afin de ne pas causer du tort à monsieur Akihito Tsukushi, mais ce serait je crois une entreprise bien vaine que de m’essayer à dissimuler une évidence probante. « Laquelle » me demanderont les plus ingénus eh bien… d’avoir à peu près boulotté la moitié de ce que fut La Cité Saturne pour la régurgiter en son Made in Abyss. Qu’on se le dise, et sans ambages, Made in Abyss – dont la notoriété est plus étincelante du fait que son animation fut tape-à-l’œil – a à peu près tout emprunté au présent manga que je m’apprête à critiquer. Le design minimaliste et rondelet des personnages, la thématique de l’exploration d’un monde nécessitant un équipement pour ce faire – ici circonscrit au lavage de vitres, prétexte à la découverte – avec, en toile de fond, la disparition d’un des parents du protagoniste principal que celui-ci finira fatalement par retrouver. Vous n’aurez pas achevé d’en lire le premier chapitre que vous en serez aussi navré que persuadé. Le fait que La Cité Saturne se soit achevé en 2012, année où Made in Abyss a vu le jour, sans l’ombre d’un doute, m’a conforté dans l’idée que le plagiat y fut effectif.


La Cité Saturne préexiste donc à Made in Abyss. Et comme l’original, très souvent sinon presque toujours, supplante la copie, ce qu'on y lit est meilleur. Bien meilleur ? Non.


Peut-être ai-je un biais résolument tourné contre l’espace, mais après Space Brothers ou 2001 Nights, je ne peux apparemment pas me résoudre à apprécier ce que je lis et cela, nonobstant une différence de traitement dans la manière dont est abordée la thématique. Je ne pense pas que l’espace soit tant en cause que cela néanmoins.


Les personnages, aussi transparents que ce qu'ils affectent de nettoyer, ne permettent pas qu’on se saisisse d’eux ne serait-ce que par les sentiments tant ils sont pauvrement écrits. Voudrait-on croire à du Saikyô Matsumoto compte tenu de dessin enfantins qu’on s’y casserait les dents. Du reste, outre l’aspect juvénile, les dessins n’ont rien à voir. Ceux de La Cité Saturne, s’ils charment quelque peu à compter des premières esquisses, lassent bien assez tôt pour nous apparaître franchement quelconques en trois chapitres de temps à peine.


Ce monde qu’on nous présente, cet anneau qui gravite implacablement autour d’une planète Terre devenue inaccessible pour des raisons mystérieuses, n’a finalement que bien peu de choses à déballer. On espérerait, après que le premier tome nous ait filé entre les mains – au terme d’une lecture laborieuse compte tenu de ce qu’elle avait de soporifique – que l’univers se développe davantage, mais il n’en sera rien. Même moins que rien alors que ce qu’on nous présente ne sera pas franchement exploité.


Y’a de la mignardise un peu partout – le dessin qui contribue pour beaucoup comme une vaseline visqueuse – et les bons sentiments enfantins nous y seront dispensés à foison. Ça n’a rien de touchant, c’est finalement mièvre avec des sourires supposés nous apaiser l’âme quand on les voit, mais il n’en est rien. Ça a beau être écrit tout en réserve, le pathos y est franchement visible, incrusté dans tous ces sourires tendres qui s’étendent en continu sur les bouilles niaiseuses des personnages amenés à défiler.


Mitsu représentera finalement « La lumière et l’espoir » avec le projet – élaboré tardivement en fin de publication – de finalement aller sur Terre. Ce qui était pourtant le but affiché par l’auteur dès le premier chapitre et qu’il aura mis sept volumes avant d’élaborer après qu’une intrigue sans trop de consistance ou d’intérêt se soit élaborée d’ici là.


L’adversité, ou tout ce qui se rapportera de près ou de loin à une menace, sera traité avec une telle légèreté que le battement de cœur du lecteur, à s’y échauder, ne variera pas d’un iota. Aucun sentiment ne se dégage vraiment d’une telle œuvre qui emploie pourtant ses efforts à clairement nous arracher un « Oh, que c’est touchant » qui ne viendra jamais tant l’énergie insufflée à l’œuvre manque de vigueur.


Les histoires de « Niveau Supérieur » et « Niveau Inférieur » se rapportent à nos yeux comme une vaine tentative d’élaborer un paysage politique franchement rudimentaire dans tout ce qu’il a à faire valoir. L’univers, en aucune strate, ne sera vraiment élaboré passé les premières bribes d’informations venues garnir le petit monde des laveurs de vitre.

Le préambule avant le départ pour la Terre est interminable. D’ailleurs, tout le manga et ses sept tomes constituent ledit préambule où on blablate sans que rien, fondamentalement, n’advienne jamais. C’est fou ce que ce manga passe son temps à stagner et radoter sans rien accomplir mais en s’agitant pour donner le change. Sept tomes comme ça, c’était clairement de trop. Le manga aurait clairement gagné à n’être compilé en un volume sans perdre un élément de son scénario en le compressant ainsi.


Une bonne réplique cliché pour clôturer ce qui n’aurait jamais dû être introduit, et l’affaire est rendue sans vraiment avoir évoqué quoi que ce soit si ce n’est un long ennui à la lecture. Aucun doute, on tient bien là la matrice de Made in Abyss.

Josselin-B
3
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le 10 sept. 2024

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Josselin Bigaut

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