La Colline aux coquelicots par glutony
La Colline aux Coquelicots n'est pas sans nous évoquer le nouveau film de Ghibli, dans nos salles depuis janvier 2012. Mais c'est avant tout un manga. L'œuvre de Chizuru Takahashi et Tetsuro Sayama dont le célèbre studio d'animation s'est très librement inspiré. Tellement librement qu'on nous raconte deux histoires bien différentes du film au manga. Dans cet article nous allons nous intéresser à la bande dessinée, un shōjo en 2 tomes sorti au Japon en 1980 que les éditions Akata / Delcourt ont édité en un one shot profitant du rayonnement de la sortie du long-métrage.
Umi n'est que lycéenne mais assume déjà de nombreuses responsabilités. Elle s'occupe en effet de la pension familiale alors que son père, marin, a disparu en mer et que sa mère, photographe un peu frivole, est en voyage en Amérique. Bâtie sur une colline où prospèrent les coquelicots, lui donnant son nom de « colline aux coquelicots », la demeure accueille une poignée de locataires. Umi y vit avec sa grand-mère, une petite bonne femme caractérielle et rigolote et sa sœur Sora, plus jeune et toujours très préoccupée par son apparence. D'un naturel optimiste, Umi continue de hisser le drapeau de l'Union Jack chaque matin attendant le retour de son père. Le manga s'ouvre sur cette cérémonie quotidienne, un jour pas tout à fait comme les autres puisqu'il s'agit du jour anniversaire de la jeune femme.
Le manga s'intéresse à une période de la vie de Umi avec une histoire d'amour pour fil conducteur. Une période au cours de laquelle elle découvre les sentiments amoureux, apprend à gérer ses responsabilités financières, appréhende les liens unissant ceux qui l'entourent, met le doigt sur un secret de famille et fait ses premiers choix de jeune adulte, assumant ses opinions. Une période définie par son quotidien entre les activités et les débats au lycée, les petits boulots ou encore les problèmes d'argent avec sa mère qui dépense sans faire attention.
La Colline aux Coquelicots est une romance pleine de sensibilité. Mais c'est surtout une œuvre qui raconte avec intelligence l'histoire d'une jeune femme qui se construit et qui démarre sa vie d'adulte.
Cet album de 1980 a par ailleurs très bien vieilli. C'est un récit très juste avec un personnage central qui a du caractère et qui se pose des questions légitimes sans jamais tomber dans le neuneu. C'est en plus un titre qui a pris de la valeur. En étant plongé dans le paysage social des années 80 (représentation de l'influence occidentale avec l'architecture de la maison ou le McDo) et dans le quotidien d'une famille d'une petite ville portuaire japonaise, sortant du schéma traditionnel (avec les parents comme figure autoritaire), on est amené en terrain exotique.
La Colline aux Coquelicots nous rappelle pourquoi et comment le shōjo a changé la bande dessinée en posant des questions universelles qui touchent les jeunes et plus particulièrement les jeunes femmes, faisant une photographie de l'époque (le débat sur l'uniforme par exemple).
Le dessin du manga n'est pas non plus étranger à ce sentiment un brin nostalgique. Ce titre est bien entendu témoin des évolutions graphiques du shōjo lancé avec un style romantique et luxuriant, aux personnages élancés et classes, comme Gwendoline de Yōko Hanabusa ou La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda.
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