La colline aux coquelicots est connu pour être un film d'animation de Goro Miyazaki datant de 2011. Pourtant, cette histoire est à l'origine un manga datant de 1980 et édité en France sous la forme d'un épais volume de 300 pages. « La colline aux coquelicots » est dessiné par Chizuru Takahashi, une mangaka à la bibliographie importante mais qui n'a malheureusement jamais été éditée en France en dehors du manga présenté ici. Elle se base ici sur une histoire de Tetsuro Sayama, un scénariste sur lequel il est difficile de trouver des informations, ce manga semble être son seul scénario.
Umi est une jeune lycéenne de 16ans qui hisse un drapeau devant chez elle chaque matin dans l'attente du retour de son père, marin disparu depuis des années. Umi est très mature et sérieuse pour son âge. Elle semble un peu obligée de tenir ce rôle car elle doit à la fois s'occuper seule de ses cadets, des étudiants qui louent des chambres de la maison, gérer les finances et cuisiner. La mère de Umi travail comme photographe à l'étranger et on ne peut pas dire que c'est un exemple de sérieux et de responsabilité.
Des mouvements de revendications concernant les uniformes scolaires vont naître dans le lycée de Umi. Ces revendications sont créées par un duo de jeunes hommes dont la jeune héroïne va se rapprocher. La situation va se compliquer quand mensonges, passé et sentiments vont se mêler au quotidien déjà chargé de Umi.
La colline aux coquelicots a marqué les lecteurs à sa sortie grâce à un scénario mettant en scène des jeunes filles qui s'émancipent des cellules familiales traditionnelles et s'engagent dans des luttes sociales. Malgré l'âge du récit, l'ensemble a bien vieillie et les sujets abordés sont toujours pertinents. On comprends aisément combien « La colline aux coquelicots » a pu marquer les esprits à sa sortie tant Umi est un personnage féminin fort, indépendant et complet dans lequel il est facile de se projeter.
Le dessin fait très années 80, il a son charme et propose de beaux éclats visuels. Les fleurs, la composition des cases, des effets visuels sont encore modernes mais l'ensemble est le plus souvent assez sobre visuellement. Je trouve que certains personnages se ressemblent beaucoup ce qui entache le confort de lecture. Si l'on peut trouver au premier regard le dessin peu attirant, une fois plongé dans l'histoire, j'ai trouvé qu'il s'alliait avec brio au scénario.
Le dessin opère une constante amélioration au fil des 300 pages que compose l'histoire. Il devient plus aéré, imagé, fluide et marquant dans ce qu'il dégage.
En mettant en scène une jeune fille de 16ans intègre et indépendante qui n'hésite pas affirmer ce qu'elle pense, « La colline aux coquelicots » bouscule des codes encore trop souvent répandus aujourd'hui.
Ce manga est une très belle histoire mariant avec intelligence revendications sociales, romance et questionnement sur la famille. Si l’œuvre est un peu bavarde dans sa première partie et peux rebuter visuellement, je trouve qu'il serait dommage de passer à côté.
Le shojo dit vintage est beaucoup trop rare en France et je ne peux que conseiller « La colline aux coquelicots ».