Abélard, c’est cet oisillon mignon qui, dans l’espoir de séduire la jolie Epilie, décide d’aller lui décrocher la lune et les étoiles (ouais, rien que ça !). Ni une ni deux, direction l’Amérique, où, parait-il, on trouve des machines volantes qui lui permettraient de réaliser son objectif. Voilà donc notre poussin parti sur les routes. Que ce soit en compagnie de gens du voyage, ou de Gaston, l’ours grincheux, Abélard va alors découvrir une réalité parfois cruelle en dehors de son marais…
Moi qui pensais à priori que ces albums s’adressaient aux enfants, j’ai vite compris que ce n’était pas le cas ! Certes, Abélard, le héros, est tout ce qu’il y a de plus naïf et les dessins rappellent certains albums jeunesse, mais le récit est tout sauf tendre ! Les propos, parfois durs, s’opposent aux illustrations aux tons pastels de Renaud Dillies, montrant bien le contraste entre le volatile niais et plein de bonnes intentions, et le monde impitoyable qui l’entoure.
Charme et poésie se mêlent dans ce road trip quelque peu atypique ! J’ai aussi beaucoup aimé l’idée du chapeau que possède Abélard : celui-ci lui délivre régulièrement des proverbes, l’invitant à réfléchir sur la vie et le monde qui l’entoure.
D’ailleurs, en plus des maximes du couvre chef, on trouve dans ces albums de jolies citations !
Ah… alors, la race, c’est quand on est pareil même si on est plus
grand ? Ou plus gros ? Avec des yeux différents. Et un nez différent.
La race, c’est quand on est pareils mais complètement différents.
C’est ça ?
La pluie, c’est la poussière des étoiles qui se transforme en eau
quand elle traverse les nuages.
La narration est proche de celle du conte ou de la fable, le déroulement du récit également : un personnage part à l’aventure, dans ce qui ressemble fortement à un voyage initiatique. En chemin il fait plusieurs rencontres -pas toutes très recommandables- dont il apprend beaucoup à travers leurs expériences respectives.
Souvent douce-amère, l’histoire est tantôt très mignonne, tantôt tragique. Si le premier tome était surtout poétique et léger dans son propos, il fait vite place à un certaine noirceur dans le second opus. La fin laisse d’ailleurs un sentiment de malaise, même si les signes annonciateurs étaient nombreux.
Cette BD dégage un charme certain ! Malgré l’apparente légèreté du récit, je pense que n’importe qui sera sensible à la poésie offerte par cette lecture. A conseiller à tous les lecteurs à la recherche d’une bande dessinée qui sort des sentiers battus !
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