Retour à la vie pour Nathalie

Nathalie est une jeune femme discrète mais joyeuse. Tout semble lui réussir, tant sur le plan sentimental que professionnel. Elle file le parfait amour avec François, un jeune homme au charme énervant, dont le mélange de maladresse et d’évidence rappelle à la fois Pierre Richard et Marlon Brando. A peine deux ans après leur rencontre, Nathalie et François se marient. Une fête très réussie. Peu après, Nathalie postule dans une entreprise suédoise. Attiré par la photo sur son CV, c’est le patron lui-même qui s’occupe de l’entretien d’embauche. Charles Delamain sait qu’elle est mariée, tout comme lui d’ailleurs, mais il ne résiste pas au charme de Nathalie et décide de l’embaucher. Une décision qu’il ne regrettera à aucun moment, car la jeune femme se révèle être une brillante collaboratrice, qui se donne à fond pour son travail. Par contre, elle reste totalement insensible aux avances répétées de Charles. Pour Nathalie, les choses sont claires: le seul homme qui l’intéresse, c’est son mari François. Mais le destin est cruel: alors que la vie de Nathalie et François semblait remplie de promesses, elle bascule brutalement le jour où François part courir et est renversé par une camionnette de fleuriste en traversant la route. La mort de François anéantit totalement Nathalie, qui est comme anesthésiée. Après quelques mois de deuil, elle décide néanmoins de reprendre le travail. Une fois de plus, elle s’y investit totalement. Mais plus de la même façon, car cette fois-ci, elle se jette dans son travail corps et âme, pour oublier le chagrin qui la ronge. Charles continue à vouloir la séduire, mais elle le repousse encore et toujours. Elle finit même par lui dire clairement qu’elle n’est pas intéressée. Pour l’ensemble de ses collègues, Nathalie est une employée brillante mais inaccessible, qui ne révèle rien sur les sentiments qui l’habitent. Autant dire que la surprise est totale lorsque Nathalie décide un jour, sur un coup de tête, d’embrasser le timide Markus dans son bureau. L’un et l’autre sont dépassés par les sentiments qui les envahissent, tant ils ne semblent pas du tout assortis, mais cette relation inattendue va petit a petit ramener Nathalie dans le monde des vivants.

A la base, « La délicatesse » est évidemment un roman de David Foenkinos. Un best-seller aux 10 prix littéraires qui a séduit des millions de lecteurs depuis sa sortie en 2009. Un livre qui a d’ailleurs été porté à l’écran par Foenkinos lui-même, avec Audrey Tautou et François Damiens dans les rôles principaux. C’était donc un fameux défi de se lancer dans une nouvelle adaptation du roman, mais en bande dessinée cette fois-ci. Heureusement pour lui, Cyril Bonin ne connaissait pas l’existence du film au moment où il a commencé à coucher sur le papier sa propre version de « La délicatesse ». Du coup, il s’est interdit de regarder le film tant qu’il n’avait pas terminé son adaptation graphique du roman, afin de ne pas se laisser influencer par d’autres images que celles gravées dans sa tête depuis la lecture du livre. Pour Cyril Bonin, c’était de toute façon une nécessité vitale de faire une version BD de « La délicatesse », tant il était tombé amoureux de l’histoire de résilience imaginée par Foenkinos et surtout de l’écriture du roman. Dans sa bande dessinée, il a d’ailleurs gardé beaucoup des mots de l’auteur, avec énormément de récitatifs dans la première partie du livre. Ensuite, les dialogues prennent petit à petit le dessus, pendant que dans le même temps, Nathalie retrouve progressivement le sourire grâce à Markus. Au final, le résultat est très réussi, car l’approche intimiste de Cyril Bonin, de même que ses dessins d’une grande finesse, se marient parfaitement avec l’histoire de David Foenkinos. Pas besoin d’avoir lu le roman ni d’avoir vu le film pour apprécier à sa juste valeur cette nouvelle adaptation pleine de… délicatesse.

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