C'est un peu ce qu'on pourrait penser en lisant le synopsis du dernier projet de Jeff Smith.
Petit rappel, Jeff Smith est un des immenses auteurs de comics indépendants ayant connu la gloire grâce à sa série phare : "Bone".
"Bone" sous ses aires de fantasy cartoonesque s'est avéré être une aventure épique et passionnante qui trouva sa conclusion en 2004.
Après un petit détour très rapide chez DC , notamment sur la mini Shazam, ( toujours inédite en VF - petit message subliminale à Urban Comics ) et une colorisation de sa série phare pour en élargir le public, on aurait pu croire qu'il allait être difficile pour lui de tourner la page.
Et pourtant si RASL prouve une chose : Jeff Smith n'aime pas radoter.
Il aurait été si facile pour lui de revenir sur un prequel de Bone ou sur un univers similaire qu'on ne peut qu'applaudir cette prise de risque.
Surtout que Rasl , c'est un peu l'antithèse de Bone.
Une histoire plus sombre, plus "adulte", plus posée avec une idée de base très conceptuelle (une sorte de Sliders intello) qui laisse la place aux dialogues et moins à l'action.
En prime, l'univers est simplifié à l'extrême ( même si on parle d'univers alternatif , on est quasiment toujours dans le même type d'endroit : devant la maison d'Annie ou dans un bar ) et ne tient que par la tension distillée tout au long du récit..
Au final, c'est très difficile de faire un avis définitif sur cette histoire et on sent bien qu'il va falloir lire la globalité des 3 volumes prévus pour cela.
Cependant , plusieurs éléments plaisent d'emblée : les personnages sont bien écrits et le côté mystérieux de chacun donnent envie d'en savoir toujours plus.
Smith donnent ses informations aux compte gouttes tout en attisant notre curiosité.
Graphiquement , c’est un peu pareil.
La force de "Bone" , c'était ce mélange entre le traitement cartoon des Bones et celui ultra léché apporté sur le reste de l'univers.
Ici, on est sur quelque chose de plus "classique" au niveau du trait même si certains designs (comme la machine à voyager entre les mondes ) dénote du goût qu'à l'auteur pour les concept originaux.
On devine qu'il a tout fait pour ne pas en faire des tonnes , pour laisser la part belle à son histoire et simplifier au maximum l'univers.
C'est judicieux mais peut être un peu moins jouissif pour le lecteur.
Dernière remarque sur le dessin.
la série est terminée depuis quelques temps aux Etats-Unis et elle avait été éditée à l'origine en noir et blanc (comme pour Bone).
Delcourt a attendu la colorisation de celle-ci et même si elle est loin d'être dégueulasse, je suis un peu dégoûté que l'éditeur n'est pas eu le culot de nous laisser le choix entre ses deux versions.
Jeff Smith est un immense encreur et c'est un peu dommage qu'on ne puisse pas admirer cela surtout que cette version existe.
Après, je comprends le choix de l'éditeur et vu la "complexité" du sujet , il fallait assurer ses arrières, je trouve ça juste regrettable.
RASL est une oeuvre à suivre mais qui risque de ne dévoiler son immense qualité que quand on aura le mot FIN inscrit sur le dernier tome.