Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de le lire allez-y sans crainte. Le parcours atypique de Julie Dachez raconte par son double fictionnel questionne intelligemment le rapport de la société à la différence. Le trait est volontairement simple et les couleurs joliment contrastées pour marquer le mur invisible qui sépare son univers singulier de celui de son entourage. Marguerite est ici une jeune femme introvertie et maladroite qui mène une vie plutôt banale, à cela près que son comportement social paraît très étrange à ses employeurs et ses collègues de travail. Rien n'est visible extérieurement chez elle mais elle ressent introspectivement comme un handicap qu'elle ne sait nommer. Raillée par ses pairs, incomprise de sa famille et de ses amis elle se lance un jour en quête d'un remède miraculeux. Internet lui sera alors d'une grande utilité et de forum de discussion en rendez vous chez des psychologues, l'évidence lui sautera aux yeux comme un verdict implacable: elle est autiste. D'abord interloquée puis refusant sa vérité elle finit par accepter son sort. Seulement voilà le Centre de Ressources sur L'autisme qui finit par lui accorder une consultation après une très très longue attente lui révèle une facette de ce trouble neurologique jusqu'à présent trop méconnu en France: le syndrome dasperger. Bruit insupportable, codes de représentation publique non maîtrisés, routine quotidienne indispensable et autre sensibilité hyper développée sont quelques uns des maux qui la traversent. Soulagée par cette reconnaissance tardive elle décide alors de reprendre sa vie en mains, quitte petit ami et amis indésirables et reprends des études universitaires. Pour enfin apparaître sous son vrai jour et défendre cette nouvelle cause qui lui tient tant à coeur. Souvent drôle, parfois mélancolique, jamais pessimiste cette bd est une bouffée d'oxygène pour tous les atypiques aspergers qui s'ignorent ou se découvrent et les neurotypiques qui voudraient explorer avec bienveillance ce nouveau monde