Quand Boulet a écrit La Page Blanche, il a dit avoir essayé de casser les codes de narration habituels qui disent que chaque élément qui apparaît à l’image a forcément une fonction dans le récit. Il a voulu faire en sorte que l’histoire soit le plus proche possible de la vie réelle. Du coup, des fois on interfère avec des choses ou même des gens sans que ça ait d’impact sur le reste. Cette idée a eu tendance à dérouté les lecteurs qui n’ont pas compris certaines actions de l’héroïne.
Ici, Matthias Lehmann semble avoir essayé de casser les codes lui aussi, mais de manière encore plus surprenante. Alors qu’on croit avoir compris le déroulement de l’action, la page suivante déconstruit les repères de manière inattendue. C’est parfois drôle, parfois glauque, parfois dur, et toujours déstabilisant. Rien n’est jamais acquis tant que l’album n’est pas terminé. Par la même occasion, tout est donc possible, mais il est tellement difficile de faire des pronostiques sur ce qui va suivre.
La Favorite est un album qui me restera en tête. Il m’a marquée dans son graphisme, dans son histoire et dans sa narration. C’est un album unique.