Critique de Shaynning
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le 23 oct. 2022
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Une charmante BD jeunesse de 2021 sur le personnage ( réelle) de Martha Jane Cannary, alias "Calamity Jane", quand elle avait 11 ans et vivait alors dans une maison reculée quelque part au Missouri, dans un grand état de pauvreté.
Tome1: Leur père étant parti en ville depuis plus d'une semaine, Jane, du haut de ses onze ans, prend soin de fratrie, composée de deux petits frères et deux petites sœurs. S'ils semblent avoir bien du plaisir à jouer ensemble et que les plus jeunes semblent bien écouter leur aînée, cette situation pèse sur les épaules de la presque-ado. C'est d'autant plus vrai qu'elle rêve de grands espaces et d'aventures. Son frère Élijah, le cadet, n'est pas très aidant et cela repose sur le fait qu'en tant qu'"homme", il n'a pas a faire les tâches domestiques, ce qui ajoute aux irritants de Jane. Mais la situation est tendue: la petite Sarah est fiévreuse et sa condition ne fait qu'empirer. Jane souhaite attendre le retours de son père afin d'aller chercher le médecin, mais devant la dégradation de la santé de sa plus jeune sœur, Jane décide de partir le chercher elle-même, en coupant à travers bois et champs. Mais alors qu'elle fait la désagréable rencontre d'un convois de soldats qui se rient d'elle, l'un d'eux va néanmoins leur fournir le précieux médicament susceptible de sauver Sarah. Alors qu'elle ramène le flacon chez elle, ce dernier fini briser contre un mur, projeté par Élijah, dans un élan de colère. Heureusement, il y a cette jeune autochtone, qui vient les voir à bonne distance depuis quelques jours, et qui pourrait avoir un remède contre la fièvre.
C'est une BD franchement sobre et étonnamment intéressante malgré une histoire très simple ( pas "simpliste"!, attention!). Avec un nuancier doux dans une palette de verts et de bruns très en accord avec la vie en pleine nature de la famille Cannary, le dessin est fluide, les expressions justes et les bouilles fort attachantes. C'est impossible de ne pas être attendris par cette joyeuse fratrie soudée ( quoiqu'Élijah s'annonce déjà comme un petit macho, mais bon, ils étaient légion à l'époque, difficile de lui en vouloir).
On peut cerner rapidement les enjeux sous-jacent à la problématique de base ( sauver Sarah de la maladie), comme le désir d’émancipation de Jane, qui nous parle de ses "exploits" déjà très atypiques, pour une fille de son époque et de ce coin du monde. Les colons états-uniens étaient très machistes, notamment avec le port de l'arme à feu, du pantalon ou de la consommation d'alcool ou de drogues, tous des exemples de choses interdites aux femmes. C'était "The land of the free" ( la Terre de la liberté) mais pas pour tout le monde, oh que non! Il y a aussi l'enjeu de la sécurité: c'était une époque dure, les gens mourraient de maladie, des attaques entre colons et premières nations, sans parler du fait que c'était chacun pour soi ( D'où le second amendement si cher au cœur de certains états-uniens encore aujourd'hui). Alors, quand on voit la situation des enfants, rien de surprenant. Leur père pourrait bien être mort, dans ce contexte, mais on ignore si c'est le cas.
Ce qui permet d'aborder un autre enjeu tout-à-fait réel de cette époque: la chasse aux autochtones ( Les "Indiens" d’Amérique, comme disaient les colons américains) pour conquérir l'ouest et ses "richesses". On trouvera une toute petite part de culture autochtone avec Muh, la jeune autochtone qui rend visite aux Cannary sans passer leur clôture. Le fait d'avoir guéri Sarah est un symbole fort: les colons québecois, canadiens, acadiens et états-uniens n'auraient pas survécus à l'Amérique sans leur expertise médicale.
Enfin, comment ne pas apprécier cette jeune fille pleine d'énergie et de courage, sans pour autant être excepte d'intelligence et d'avoir un grand sens des responsabilités. C'est une très belle représentation féminine pour nos jeunes lecteurs.
À découvrir!
Pour un lectorat à partir de 9-10 ans, second cycle primaire.
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Créée
le 3 févr. 2022
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