On ne doit pas tirer sur une ambulance, et encore moins sur un corbillard. Il y a longtemps qu'Astérix est mort, avec Goscinny bien sûr (... il ne se portait plus très bien d'ailleurs même avant !), et l'accumulation de têtes de gondoles (qui réduisent encore la visibilité de bandes dessinées bien plus intéressantes...) et de records de vente ne lui rendra pas la vie.


Cette "Fille de Vercingétorix" n'est sans doute pas pire que les précédents efforts de résurrection menés par Ferri et Conrad, nombre de fidèles lecteurs semblent en convenir. Pour quelqu'un comme moi qui repasse par là en dilettante, l'effondrement scénaristique (quel scénario ?) et graphique (un bon quart des cases - surtout les plus petites - demande de gros efforts pour être déchiffrées...) est terrifiant. Du coup, on essaie de se rattraper avec quelques bons mots et un humour potache qui hésite entre fidélité à l'esprit Goscinny et relative modernisation, mais on a finalement assez peu de choses consistantes à se mettre sous la dent.


Personnellement, j'ai apprécié la perspective originale sur les "fondamentaux" de la série (le "vieux système sanglier - menhir - potion") apportée par les adolescents, en particulier dans la scène de la carrière, suggérant qu'en poussant un peu plus loin le principe des anachronismes qui a toujours sous-tendu l'humour dans Astérix, il est possible d'injecter un point de vue contemporain qui rende à nouveau la série pertinente.


Bien sûr, l'idéal quand on a affaire à une telle institution serait un traitement distancié, peut-être même véritablement post-moderne. Et, bien sûr, Goscinny, s'il avait vécu plus longtemps, aurait été l'auteur parfait pour une telle approche : souvenons-nous de ce que Hergé avait réussi à faire avec son Tintin dans "au Tibet" et "les Bijoux de la Castafiore", et rêvons à ce que Astérix aurait pu devenir si ses auteurs avaient eu plus d'audace...


Le succès commercial qui semble une fois de plus garanti à "la Fille de Vercingétorix" ne laisse malheureusement présager aucune amélioration à la recette actuelle : il ne s'agit certainement pas ici d'une potion magique, mais l'obésité nous menace tous néanmoins.


[Critique écrite en 2019]

EricDebarnot
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le 1 nov. 2019

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Eric BBYoda

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