« L’adoption » était l’une des belles découvertes de 2016. Un grand-père se découvrait sur le tard… Grand-père suite à l’adoption d’une petite péruvienne par son fils. L’album se révélait plein de finesse et de douceur sur la relation entre cet homme bourru et la petite fille. Conçu comme un diptyque, « L’adoption » proposait une fin de son premier tome qui appelait une suite en mettant une bonne dose de suspense. Le tout est scénarisé par Zidrou et dessiné par Arno Monin chez Bamboo.
C’est un pied de nez qui nous est proposé ici… Alors qu’on s’attend à un retour de Qinaya, les auteurs partent sur d’autres thèmes… Gabriel retrouve Qinaya en début d’album, à Lima, 18 mois après son départ. La petite fille a retrouvé sa famille et a oublié son grand-père d’adoption… L’ouvrage part alors sur une autre quête, Gabriel rencontrant en chemin un homme qui, lui, cherche le corps de sa fille…
L’ouvrage s’inscrit essentiellement dans la relation aux deux hommes qui, peu à peu, vont s’ouvrir et dévoiler leurs blessures, cherchant des réponses pendant qu’ils font du tourisme. Le dépaysement, l’éloignement, leur permet de faire le point et de prendre du recul. Le Pérou n’est finalement qu’une toile de fond lointaine, cela aurait pu se passer n’importe où !
À côté de l’histoire de Gabriel, les auteurs intègrent quelques passages en France, présentant la vie de ceux qui sont restés… Car Gabriel est parti dans une quête sans espoir pendant que sa femme, restée là-bas, est diminuée, son fils est en prison et sa fille tente de gérer l’ensemble…
« L’adoption » retrouve ainsi la finesse et l’émotion du premier tome, mais avec des thèmes bien différents. Alors qu’il se découvrait grand-père dans « Qinaya », Gabriel s’interroge sur son rôle de père dans « La Garua ». Le rôle de son camarade de tourisme vient lui aussi amener sa pierre aux souffrances d’un père.
Le dessin d’Arno Monin est au diapason de l’histoire. Très beau et doux à la fois, il parvient parfaitement à faire passer l’humour et, surtout, l’émotion. Les décors, les couleurs, les personnages… Tout est réussi. Un auteur majeur assurément ! Car au-delà de la beauté formelle des cases, les compositions sont variées et inventives, le trait est dynamique… Bref, du beau travail.
Ce deuxième tome de « L’adoption » transforme l’essai de façon inattendue. On imaginait des retrouvailles chaleureuses, on a droit à une histoire complètement différente ! Si le premier tome était un peu convenu (malgré la surprise finale), ce n’est pas le cas ici. De la belle BD, sur tous les plans !