Dans La Garùa, deuxième tome de L'Adoption signé Zidrou et Arno Monin, on retrouve Gabriel, ce grand-père bourru mais attendrissant, face aux conséquences de son voyage mouvementé au Pérou dans le premier opus. Ici, l’histoire s’épaissit comme une soupe andine : riche en émotions, mais parfois un peu trop chargée en mélodrame pour pleinement convaincre.
L’intrigue se déploie autour de Gabriel, qui tente de donner un sens à son lien avec Qinaya, l’enfant adoptée, dans un contexte où l’amour familial se heurte aux complexités administratives et légales. Si l’idée de traiter de l’adoption internationale et des drames qu’elle peut impliquer est noble, le récit tombe parfois dans des facilités scénaristiques. Certaines scènes, bien que touchantes, frôlent le pathos un peu trop évident, comme si on voulait s’assurer que chaque lecteur ait la larme à l’œil.
Visuellement, Arno Monin continue de briller avec un style doux et chaleureux, contrastant joliment avec la gravité du propos. Les couleurs pastel et les expressions des personnages apportent une humanité qui transcende parfois les limites du récit. Cependant, cette esthétique léchée pourrait paraître en décalage avec les moments plus sombres de l’histoire, adoucissant un peu trop l’impact émotionnel.
Le personnage de Gabriel reste le moteur principal de l’album. Son mélange de tendresse maladroite et de rugosité est captivant, mais certains dialogues sentent un peu le déjà-vu, comme s’il était figé dans le stéréotype du vieux bougon au cœur d’or. Qinaya, quant à elle, est moins présente, laissant un vide que les autres personnages secondaires peinent à combler.
Le titre, La Garùa, qui évoque cette brume fine et persistante typique de Lima, est une métaphore subtile mais efficace pour le climat émotionnel de l’album : une ambiance pesante, parfois oppressante, mais avec des éclats de lumière qui percent ici et là. Zidrou réussit à capturer ces moments fugaces de tendresse et de douleur, même si l’ensemble manque parfois de légèreté ou de nuance.
En résumé, La Garùa est une suite touchante mais inégale, portée par un propos sincère et un style graphique superbe, mais alourdie par un penchant un peu trop marqué pour le mélo. Un second tome qui s’accroche à nos émotions, même si certains nuages auraient mérité d’être dissipés.