Ayant entendu du bien de cet ouvrage, je me suis procuré à la bibliothèque « Paco les mains rouges ». Quelle fut ma frustration de m’apercevoir que ce n’était que le premier tome d’un diptyque ! Certes, c’est marqué à l’intérieur et un petit « 1 » très discret est noté sur la tranche, mais tout laisse penser qu’il s’agit d’un one-shot… Une fois compris cela, j’ai laissé ma frustration de côté pour m’intéresser à ce livre scénarisé par Fabien Vehlmann. Ce dernier m’ayant autant déçu qu’enchanté, je me lançais dans l’histoire sans véritable a priori. Quant au dessinateur, Eric Sagot, il m’était inconnu jusqu’alors. Le tout est un album classique de 56 pages publié chez Dargaud.

Paco a été condamné à perpétuité pour meurtre. Mais pire que cela, Paco est condamné au bagne… Le voilà donc embarqué pour la Guyane, lui, le jeune instituteur. Car lorsque l’on est condamné pour un crime passionnel, on se retrouve au milieu des forbans de tout poil avec une espérance de vie fort limitée… A se demander s’il ne valait pas mieux se faire guillotiner…



Ce premier tome, intitulé « La grande terre » parle à la fois du voyage vers la Guyane que sur la détention en particulier. Paco a indéniablement quelque chose de fragile qui, immédiatement, le rend sympathique. Intellectuel au milieu des brutes, on se demande bien comment il va pouvoir s’en sortir dans le monde carcéral qui l’attend… C’est donc avant tout un récit sur la survie et la débrouillardise qui nous est conté. On n’espère qu’une chose, c’est que Paco finisse par échapper à cet enfer. Et pourtant, à aucun moment, il n’en parle vraiment tant cette idée paraît surréaliste.

L’ouvrage nous permet donc de découvrir les conditions de détention en Guyane. Clairement, les auteurs se sont documentés et l’on apprend beaucoup de choses. Le tout n’est pas du tout didactique. On n’a pas l’impression que les auteurs ont construit une histoire pour présenter le bagne en Guyane. Le fait de tout centrer sur le personnage de Paco fait que l’environnement sert uniquement à le faire agir et réagir. Car c’est bien de Paco dont il s’agit. Ce dernier nous parle directement, n’hésitant pas à nous tutoyer. Cette technique, utilisée avec parcimonie, est redoutablement efficace. Lorsque l’on lit « je t’en parlerai plus tard », cela nous donne vraiment l’impression que Paco nous parle. Une véritable réussite qui donne une autre dimension à l’ouvrage. Surtout que sous couvert du monde du bagne, ce « Paco les mains rouges » va bien plus loin dans ses thèmes. A la lecture, on ne cesse d’être surpris et captivé par l’histoire.

Concernant le dessin, j’aime beaucoup le trait simple d’Eric Sagot. Il permet de parfaitement retranscrire les gueules des bagnards et possède une véritable efficacité. De même, il atténue un peu la violence inhérente au thème. Ainsi, la violence passe avant tout par le texte. La couleur, tout en tons rosés, met très bien en valeur le trait et donne un côté un peu passé au dessin, ce qui convient parfaitement à l’époque.

Je tiens à noter que des photos, des croquis et des storyboards sont présents dans un livret de fin d’album. Pour ceux que ça intéresse, il y a de quoi faire et analyser !

Ce « Paco les mains rouges » est une excellente surprise. Je savais que le livre était plutôt bien vu par la critique, mais j’avais peur qu’il ne soit qu’un ouvrage didactique sur le bagne en Guyane. Clairement, c’est bien plus que ça et attendre le deuxième tome va être vraiment difficile tant les auteurs ont su nous captiver. Une belle réussite !
belzaran
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le 4 déc. 2013

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