La Grosse Tête - Une aventure de Spirou et Fantasio, tome 8 par arnonaud

Nouveau tome de la série Spirou où les auteurs expriment leur vision du groom le temps d'un tome. J'attendais pas mal ce tome grâce à la présence de Téhem aux dessins. J'ai grandi avec le mag' Tchô! du coup j'étais curieux de voir ce que l'auteur de Malika Secouss, avec son trait si particulier, allait faire sur la série, qui prend que trop rarement des risques graphiques (et quand elle en prend, c'est rarement récompensé par les fans conservateurs).


Bon après, j'ai vu l'accueil très négatif du titre, donc forcément j'ai été un peu refroidi. Et maintenant que je l'ai lu, ok, ce n'est franchement pas le meilleur Spirou, mais est-ce que ça vaut toutes ses critiques haineuses et dégueulasses que se paye le tome ?


Pour moi, le premier problème de ce tome, c'est le scénario de Makyo et Toldac. Y a des idées intéressantes, mais l'exécution est, je trouve, vraiment balourde. Les dialogues manquent de naturel, sont nombreux alors qu'ils sont plutôt désagréables à lire, et on ne retrouve franchement pas la voix des personnages. Ok, Spirou a la grosse tête, mais durant tout le tome, dès la première page, avant même de devenir une star, Spirou est absolument méconnaissable dans son comportement. Comme si les années l'avait fait devenir un bon gros branleur concon. Le côté altruiste, aventurier, fonceur, du personnage est plutôt absent. Et puis Seccotine, grande reporter qui devient chroniqueuse culinaire, je pense que ça se passe de commentaires.


Makyo et Toldac essaye de compenser une caractérisation faiblarde pas un nombre assez important de référence à la période Franquin. Ce qui est bien, c'est que ça donne du corps à l'univers de Spirou, en reliant vraiment les albums entre eux, en rappelant que toutes les histoires se passent dans le même monde, là où Franquin limitait vraiment les références aux précédents albums maximum et ne faisait que rarement revenir des personnages.


Mais, ça reste du fan-service, et vu que y a des problèmes de caractérisation des héros, et vu que Téhem se galère quand même pas mal à reprendre de manière satisfaisante les personnages de la série, ça ne marche pas complètement.


Toutefois je dois avouer que je n'étais pas mécontent de retrouver le Bretzelburg et que son invasion par une armée de location était plutôt pas mal. Ça combinait efficacement modernité, hommage à Franquin et les gags visuels comme les affectionne Téhem.


Concernant la partie graphique. Comme je l'ai dit, il y a un vrai soucis avec Spirou, Fantasio et les autres personnages venant de la série, à l'exception de Secotine peut-être, que Téhem n'arrive pas vraiment à reprendre dans son style. Ils ont toujours un côté un peu bizarre, avec Fantasio et son énorme tête ou Spirou qui fait d'étranges sourires de frimeurs. Après mon ressenti est peut-être dû, justement, à la trop grande rigidité graphique de la série, qui n'ose pas laisser les dessinateur s'exprimer aussi librement que peuvent le faire les dessinateurs de comics super-héroïques. On est peut-être pas assez habitués aux réinterprétations graphiques des personnages... Mais j'ai l'impression quand même que ça ne fonctionne pas parfaitement. A contrario de Bravo, Parme ou Munuera qui avaient peut-être mieux réussi cet exercice. Par contre, pour le reste, ça reste pas mal. C'est dynamique, ça bouge bien, les personnages inédits sont corrects, la mise en couleur est efficace... Il faut adhérer au style graphique particulier de l'auteur, mais ce n'est pas aussi brouillon et torché que certains le prétende.


Au final, difficile de ne pas refermer cet album sans être déçu. L'aventure part un peu dans tous les sens avant de se terminer de manière classique et sans grand éclat. On retrouve le côté "Spirou démonte des dictatures" de la série, mais dans une histoire où les héros ont perdus toute bravoure pour devenir des connards absolument pas attachants. Et graphiquement, j'ai l'impression que Téhem n'a pas réussi parfaitement à combiner le style de la série avec le sien et laisse là aussi une impression mi-figue mi-raisin. Ça reste toutefois un album assez audacieux, qui essaye de bousculer les codes narratifs et graphiques de la série, plutôt que de rester à tout prix dans la tradition. Une curiosité, donc.

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le 26 sept. 2015

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arnonaud

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