Une histoire classique, mais diablement efficace
Si vous êtes à la recherche d’une BD originale et novatrice, « La guerre des amants » ne sera pas votre tasse de thé. Par contre, si vous aimez la BD classique mais efficace avec en prime un dessin particulièrement soigné, cette nouvelle série est faite pour vous. Plutôt que de réinventer la roue, le scénariste Jack Manini et le dessinateur Olivier Mangin ont choisi de marcher allègrement dans les traces déjà empruntées par des tas d’autres auteurs pour nous raconter l’histoire d’amour passionnée entre une Russe révolutionnaire et un Américain pacifiste, avec en toile de fond la Révolution russe. Bref, une sorte de mélange entre « Sambre » et « Docteur Jivago ». On pourrait même y ajouter une touche de Kieslowski puisque, comme le réalisateur polonais (qui avait signé les films « Bleu », « Blanc » et « Rouge »), Manini et Mangin ont prévu de décliner leur récit en une trilogie de couleurs (l’album « Rouge révolution » sera suivi en 2014 et 2015 par « Bleu Bauhaus » et « Jaune Berlin »). L’histoire commence en 1917 à Petrograd, en pleine révolution d’octobre. Dans le palais d’hiver assiégé, Natalia Socolova et Walter Hancock se croisent pour la première fois. A priori, tout les oppose: elle a pris les armes pour participer à la Révolution, tandis que lui est un fils de diplomate qui rêve de fraternité entre les peuples et qui défend l’espéranto, la langue universelle. On se demande d’ailleurs un peu ce qu’il fait là, Natalia n’hésitant pas à le traiter de « touriste ». Mais le jeune Américain et la jolie Russe ont un fameux point commun: leur passion pour l’art. C’est par ce biais-là qu’ils vont se recroiser trois ans plus tard, aux ateliers d’art libre de Moscou. Le peintre Kandinsky, un de leurs maîtres, participe à leur rapprochement en les sélectionnant pour voyager sur le train « L’étoile rouge », dont l’objectif est de faire connaître la culture au peuple des provinces les plus reculées de Russie. Pour les deux jeunes artistes, qui sont entretemps devenus amants malgré leurs divergences de vues sur l’esthétique et sur les messages véhiculés par l’art, c’est le point de départ d’un voyage aussi exaltant que dramatique. Un périple qui fera perdre aux amants une partie de leurs illusions, en les confrontant à la famine et surtout aux aspects beaucoup moins glorieux de la révolution russe. Bien écrit et bien documenté, « La guerre des amants » est un album rempli de faits et de personnages historiques, mais sans jamais ressembler à un cours d’histoire ennuyeux pour autant. Un livre à recommander à tous les amateurs de sagas romanesques.
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