Dans un petit port tranquille, un vieux pêcheur se repose. Arrive un touriste, curieux et dynamique, qui engage la conversation... Tout oppose ces deux hommes aux horizons si différents, mais une question essentielle va pourtant les réunir.
Cette très jolie petite fable de Heinrich Böll nous montre la futilité de la course effrénée à la réussite.
En effet, pour le touriste "civilisé", il est incompréhensible que ce pêcheur "indigène" (misérablement vêtu et ne possédant qu'une barque sans moteur) puisse se contenter d'une seule sortie en mer par jour alors qu'il pourrait en faire plusieurs, et au fur et à mesure augmenter son activité et devenir de plus en plus important. C'est pourquoi, il se permet de donner à ce dernier une leçon de pêche.
Fidèle à l'esprit de la nouvelle, Emile Bravo simplifie au maximum son propos, condense le récit en quelques phrases et quelques pages, « se contentant » parfois de dessins pleine-page plutôt que de s'embêter à construire et enfermer son histoire dans des cases. Mais attention, simplicité ne veut pas dire facilité : la construction des planches est mûrement réfléchie, le format à l'italienne permet justement la pleine expression de ces grands dessins et chaque phrase touche juste.
La fin est intelligemment amenée, le pêcheur laisse le touriste aller jusqu'au bout de son raisonnement et le faisant amener à la conclusion qu'une fois toute carrière achevée, l'homme pourra se reposer au soleil et au gré de la marée, ce que fait déjà le pêcheur.
« Travailler plus pour gagner plus » afin de ne plus avoir besoin de travailler ensuite ? Et si, à la place, on se contentait du nécessaire et on profitait de la vie ? Car, comme le disait un célèbre plantigrade, « Il en faut peu pour être heureux ».