Avec trois premiers tomes tous aussi réussis les uns que les autres et un film dans les tuyaux, « Les vieux fourneaux » est la belle surprise de ces dernières années en bande dessinée. Voilà que le quatrième tome débarque, intitulé « La magicienne ». L’occasion de parler un peu de politique ?
« Les vieux fourneaux » tire son titre du fait que les trois protagonistes ont un certain âge et ont tous travaillé dans l’usine du coin. Ainsi, au-delà de seulement traiter de la vieillesse, la série aborde des sujets politiques et sociaux, certains étant d’anciens syndicalistes toujours actifs dans des associations. Ainsi, quand dans la région l’usine veut s’étendre et que le projet est bloqué par la découverte d’une bestiole (au point de classer le terrain), tout le monde ne réagit pas de la même façon : il y a ceux qui veulent des emplois et ceux qui pensent environnement. Et ainsi, la ZAD se voit envahi par des militants venus protéger ladite bestiole, appelée magicienne.
Voilà un ouvrage qui m’a laissé sur ma faim. La première idée, inspirée de Notre Dame des Landes, est plutôt intéressante. Les ressemblances avec la crise de l’aéroport sont évidentes et inscrives bien la BD dans son époque. Cependant, on sent rapidement que les auteurs ne savent pas trop qu’en faire. L’intrigue générale se révèle finalement assez légère, malgré un début prometteur.
L’autre écueil est le recentrage de cet ouvrage sur la petite fille Sophie. Les auteurs s’éloignent de leur fond de commerce qui sont les vieux. Alors évidemment c’est plutôt bien fait, mais il manque cruellement l’interaction entre nos trois protagonistes d’un autre âge. On ne suit réellement qu’Antoine et Mimile apparaît à peine. Quant au groupe « Ni yeux, ni maître », il présente une version très clichée d’un groupe de personnes âgées, aux antipodes de la finesse des premiers tomes.
« Les vieux fourneaux » semble chercher un renouvellement sur ce tome. Ainsi, beaucoup de pistes sont lancées sans trouver de réponses (l’idylle de Sophie, celle de Mimile…). On reste un peu sur l’idée du départ (un tome, un personnage). Mais quand le personnage est jeune, on perd l’essence même de la série. Malgré tout, l’ensemble se lit avec plaisir. Les dialogues fonctionnent, c’est plein d’idées, dense, très référencé dans l’actualité… Quant à l’humour, il fonctionne parfaitement.
Au niveau du dessin, Cauuet fait toujours des merveilles. Son style est parfaitement adapté au projet. Le trait est dynamique et précis, les personnages croqués proches de la caricature. Un vrai plaisir pour les yeux !
Ce quatrième tome m’a un peu déçu. Non pas qu’il soit raté en soit. On retrouve la qualité des ouvrages précédents, mais le recentrage sur Sophie le rend moins percutant et enlève un peu de la personnalité de la série. Ainsi, les vieux deviennent un prétexte, de l’anecdotique, plus que le centre de l’histoire. Et en laissant des histoires en suspens, les auteurs cassent aussi un peu la dynamique d’un tome/une histoire.